A-t-on finalement opté de manière résolue pour la négociation avec les principaux auteurs des détournements d'argent, incarcérés, pour restituer les sommes colossales transférées illégalement à l'étranger ? Le plan d'action du gouvernement propose dans ce sens « l'adoption d'un mode de règlement à l'amiable garantissant la récupération des biens détournés », sans donner plus d'éclaircissement sur la démarche envisagée. Mais, tout règlement à l'amiable engage au moins deux parties en conflit, et dans ce cas précis les deux parties ne sont autres que les autorités algériennes et les coupables condamnés dans des affaires de corruption et de détournement d'argent. Peut être qu'on n'a jamais écarté totalement cette solution qui permettrait de récupérer l'argent volé et placé dans des comptes bancaires à l'étranger ou investi dans différents créneaux. Pour mémoire, au mois d'avril dernier, le Président de la République avait laissé entendre, toujours dans le même style sommaire, que les auteurs de détournement de fonds, à l'étranger « devront, un jour, dévoiler les emplacements secrets de ces fonds ». Ce sera dans leur intérêt, ajoutera-t-il. Un intérêt à chercher dans la négociation entre les deux parties, où il serait inévitablement question d'offrir une réduction des peines ou des relaxes à ceux qui consentiraient à restituer les fonds détournés. Peut être que le débat au Parlement autour de l'action du gouvernement, avant de lui accorder la caution des députés, inciterait le Premier ministre à donner des éclairages ou plus de détails sur ce règlement à l'amiable qui garantirait la restitution des biens détournés. Probablement que ce dossier sensible est géré avec tant de soucis, eu égard à l'opinion publique, qui pourrait ne pas être acquise à un règlement à l'amiable, ou ne verrait pas d'un même regard le règlement en question, si jamais il aboutissait à du concret. Sans parler de l'exploitation politicienne d'une telle démarche qui déboucherait sur une réduction des peines ou la libération des auteurs des détournements de fonds. A envisager également l'impossibilité pour ces derniers de vivre en Algérie après leur libération, et ils pourraient bien négocier un retrait dans un autre pays comme préalable à la restitution des sommes d'argent détournés illégalement à l'étranger. Sur un autre plan, pourrait-on considérer ce recours au règlement à l'amiable garantissant la récupération des fonds détournés comme un aveu d'impuissance des autorités à régler la question par la voie diplomatique et judiciaire, malgré les nombreuses requêtes judicaires internationales émises dans ce sens ? Dans toutes leurs sorties médiatiques à ce propos, les autorités n'on jamais manqué de signaler les difficultés insurmontables rencontrées dans le traitement de ce dossier. Seul l'ambassadeur d'Algérie à Paris a réussi à récupérer «44 biens immobiliers de l'Algérie, dont des appartements et des châteaux», en sus d'autres actions menées à l'intérieur du pays, et qui ont pu aboutir à la mise sous séquestre et restitution de quelques biens immobiliers et meubles appartenant aux responsables de hauts rangs et autres hommes d'affaires condamnés par la justice, ainsi que la mise sous séquestre de comptes bancaires, qui restent très infimes par rapport aux fonds détournés. Aujourd'hui, le gouvernement est-il arrivé à la conclusion, même si on y arrive avec des pincettes, qu'un apport d'argent frais et rapide dans les caisses de l'Etat vaut mieux que ces disgraciés derrière les barreaux ?