Un débat télévisé sur l'état civil français a suscité, ces jours-ci, des réactions diverses tant au niveau des médias de l'Hexagone qu'au sein de la Communauté française de «souche» ou immigrée. Et pour cause. Le controversé journaliste et écrivain Eric Zemmour qui est d'origine algérienne, néanmoins candidat potentiel à l'élection présidentielle, s'est dit favorable à l'interdiction de prénoms d'origine étrangère pour les nouveau-nés. Une mesure qui ferait de la France une quasi-exception à l'échelle européenne. Bien qu'il ne soit pas officiellement candidat à l'élection présidentielle, le polémiste Eric Zemmour distille dans les médias français, depuis quelques semaines, une série d'idées et d'opinions semblables parfois à des mesures de campagne. Sur le plateau de France 2, le week-end dernier, il a expliqué vouloir «rétablir la loi de 1803» sur les prénoms. Il s'agirait ainsi d'imposer aux parents de donner à leurs enfants venant de naître un prénom issu du calendrier ou utilisé historiquement. Rappelons dans ce contexte, l'affaire du petit Islam qui défraya la chronique en 2008. Genèse. Le 16 février 2008, le petit garçon âgé de 9 ans, de nationalité française mais d'origine algérienne, habitant à Colombes en région parisienne, se rend avec son meilleur ami dans les locaux de la boîte de production Angel Production', pour un casting. Un rendez-vous qui, s'il se couronne par un succès, lui permettra d'accéder aux portes de l'émission In ze boîte', diffusée sur la chaîne Gulli. Mais voilà, le prénom à connotation religieuse dérange et une employée de la production, vraisemblablement islamophobe, ne se gêne pas pour le faire comprendre à Farah Alaouchiche, la mère de l'enfant, selon Le Parisien': «Il y a un problème, votre fils ne peut pas garder son prénom. S'appeler Islam, pour un garçon, c'est comme porter un voile pour une fille». Un collègue de cette personne aurait ajouté qu'il «représentait une religion qui n'est pas aimée par les Français». On lui propose alors de changer le prénom de son fils. Proposition que refusera Farah Alaouchiche, scandalisée. Les parents décident deux mois après de porter plainte pour discrimination. La secrétaire d'Etat à la ville Fadela Amara et Rachid Arhab, membre du Conseil supérieur français de l'Audiovisuel avaient condamné vigoureusement cette affaire de discrimination. Concernant la victime, un lapsus aurait été commis lors de la transcription du prénom. En effet et ironie du sort, Islam, né à Marseille, aurait dû s'appeler en fait Islem. «L'officier de l'état civil s'est trompé, il a mis un a au lieu d'un e», selon Billel Alaouchiche, le père d'Islam. Il faut souligner à ce propos que, comme les prénoms arabes ont été conçus dans un autre système d'écriture que le nôtre, il y a eu en France des amalgames spontanés, des «transcriptions» qui se sont fixées sur des prénoms déjà existants ici et proches par les sonorités. Mais qui a dit que le prénom donné à la naissance, c'est le nom de l'amour ?