Est-ce que les médicaments génériques produits en Algérie sont d'une efficacité et d'une sécurité identiques aux produits originaux ou princeps ? Par définition, les médicaments génériques contiennent les mêmes principes actifs et agissent de la même manière que les médicaments originaux. Sur le plan santé, il n'y a donc aucune différence entre un médicament générique et un médicament original. Mais le doute est de rigueur tant qu'on ne dispose pas d'un établissement scientifique qui peut confirmer à travers les analyses que tel médicament générique possède les mêmes propriétés que l'original. En Algérie, le Centre de bioéquivalence dénommé Equiv-Al', en charge de comparer les médicaments génériques aux médicaments originaux pour s'assurer de leur conformité, lancera son activité dans les prochaines semaines, selon une récente annonce de la P-dg du groupe Saidal. Si cela peut réconforter l'opinion, vu la dimension « sécurité de santé publique » que ce centre de bioéquivalence véhicule, l'inexistence d'un pareil centre, plusieurs années après le lancement de la production des médicaments en Algérie, laisse pantois. Comment procédait-on jusque-là pour s'assurer de l'efficacité et la conformité, surtout, du médicament générique que nous consommons, qui domine les étals dans les pharmacies, puisque les autorités ont encouragé la consommation du générique, à cause de son prix bon marché qui contribue à la baisse des dépenses de la Sécurité sociale ? Cela apporte de l'eau au moulin aux critiques sur la qualité des médicaments génériques sur le marché algérien, qui a fait des vagues, il n'y a pas si longtemps, et qui a fait monter au créneau les producteurs locaux de médicaments, qui assurent que le médicament produit en Algérie est de bonne qualité. C'est une vocation de l'Agence nationale du médicament, mais sans moyens, sans ce Centre de bioéquivalence, l'Agence reste complètement impuissante. D'après les explications, on vient tout juste de penser au lancement des expérimentations sur l'efficacité des médicaments génériques, afin de s'assurer des effets censés être semblables à ceux des originaux. Dans ce sillage un appel est lancé aux « volontaires », qui seront pris en charge et indemnisés, pour pouvoir mener des expérimentations dans ce sens. Seulement les antibiotiques et les médicaments à faible index thérapeutique sont concernés par ce processus de bioéquivalence. En toute logique, la santé des citoyens inciterait plus à adopter ce processus, mais le souci premier des études sur la viabilité des génériques soumis à la bioéquivalence est lié la condition sine qua none à l'exportation, un jour prochain, de ces médicaments, d'après les mêmes explications ! Pourtant, pour certains médicaments (antiarythmiques, antiépileptiques, anticoagulants oraux, digitaliques, immunosuppresseurs, théophylline et dérivés), des différences de dose ou de concentrations relativement légères peuvent entraîner des échecs thérapeutiques et/ou des effets indésirables graves. Et, il faut donc obtenir « des garanties strictes quant à leur bioéquivalence lorsqu'on compare un médicament générique à un médicament original», selon l'avis sans appel des experts. Comment, alors, peut-on garantir que les médicaments génériques, qui ne passent pas par le Centre de bioéquivalence, sont fiables et sans danger ?