La qualité de leur gouvernance locale est un facteur déterminant dans la réalisation des projets et l'évolution économique et sociale d'un pays. Pour atteindre un bon niveau de performance et pouvoir concrétiser les objectifs d'une manière efficace et efficiente, la gouvernance locale doit réunir des conditions qui concernent les aspects liés à la stratégie économique, à la conduite des projets, à la réalisation d'objectifs opérationnels et à une évaluation objective et permanente. Les missions, l'organisation et les actions de la gouvernance locale doivent reposer sur des principes qui favorisent la cohérence des politiques tout en tenant compte des intérêts et objectifs des différents acteurs locaux. Ces principes concernent notamment la participation de tous les acteurs concernés par le développement de la région, la disponibilité d'une information fiable pour tous les acteurs publics et privés, la coordination, l'accompagnement, l'ingénierie territoriale, la formation, l'évaluation objective. Dans la concrétisation des politiques économiques, la recherche de tous les moyens nécessaires au développement local est un souci permanent des décideurs politiques et économiques. Cette préoccupation majeure a conduit les pays développés à accorder une place capitale au développement régional. Ils considèrent l'accompagnement des acteurs locaux comme une condition fondamentale pour la réussite des politiques de développement territorial. Dans le but d'assurer le maximum de chances à la réussite des projets de développement régional, ils ont mis à la disposition des collectivités locales des « guides de réussite des projets » et réuni l'ensemble des compétences pour fournir une ingénierie adaptée aux spécificités et aux besoins des collectivités. L'ingénierie territoriale est l'une des conditions qui déterminent fortement la qualité et l'amélioration de la gouvernance locale dans la réalisation de ses objectifs de développement. Voyons donc, ce qu'on entend par la notion d'ingénierie territoriale ? L'ingénierie territoriale (IT) est un : « ensemble des savoir-faire professionnels dont ont besoin les collectivités publiques et acteurs locaux pour conduire le développement territorial ou l'aménagement durable des territoires ainsi que l'ensemble des outils et dispositifs mis à la disposition des acteurs du territoire pour accompagner la conception, la réalisation et l'évaluation de leurs projets de territoire ». (CIADT). En d'autres termes, l'ingénierie territoriale fournit une assistance managériale et technique aux collectivités. Elle est considérée comme un ensemble de moyens humains, de compétences, de méthodes, d'outils et de missions contribuant à l'élaboration et à la conduite des projets au niveau d'un territoire donné. L'IT prend en charge, en premier lieu, l'initiation des différents acteurs des collectivités locales aux approches méthodologiques pour bien piloter toutes les phases de conception et de suivi des projets de développement. Elle leur fournit des outils de management, de gestion et d'évaluation en leur assurant un accompagnement continu et une formation permanente pour renforcer les capacités des acteurs locaux. Elle assure le suivi et le contrôle des évaluations sur la base d'indicateurs pertinents. L'apport de l'IT est présent au niveau de toutes les étapes d'un projet. En plus des techniques de management des projets, des études de faisabilité, des analyses financières, des guides sont établis pour mettre en relief les autres facteurs qui déterminent la réussite de tels projets, notamment la nécessité des réunions techniques et de concertation entre les différents acteurs et les représentants des populations. Ces guides conduisent également à une capitalisation commune de l'expérience dans la gestion de projets de développement. Les enjeux sont importants aussi bien pour l'économie nationale que pour le développement local. Les performances économiques des régions des pays développés démontrent que l'ingénierie est un facteur capital et fondamental dans les performances des territoires. Malheureusement, au niveau de nos collectivités locales, l'ingénierie territoriale constitue un point faible dans le choix, le pilotage et l'évaluation des projets de développement. Cette défaillance est à l'origine des réévaluations répétitives des projets, du non-respect des délais et de la réduction de l'impact des projets sur l'évolution qualitative du développement local. Trois conditions sont indispensables pour que l'ingénierie territoriale puisse assumer pleinement son rôle : la participation de tous les acteurs locaux, la formation des élus et une évaluation objective et continue. La participation effective de tous les acteurs est un aspect fondamental de la démocratie. Elle est un facteur indispensable à la réussite de la gouvernance locale. Grâce au dialogue, à la consultation et à la concertation, la participation exige la transparence et conduit à l'adhésion, à la cohérence, à une meilleure compréhension des politiques arrêtées et à la légitimité des actions menées. La participation se traduit sur le terrain par un consensus favorable à la bonne évolution des stratégies retenues au niveau local. La deuxième condition concerne la formation des élus et des responsables. C'est une action essentielle qui permet aux acteurs locaux d'assumer pleinement leurs responsabilités. Les élus et responsables locaux doivent avoir des compétences et des connaissances dans les domaines financiers, économiques, juridiques, dans la prise de décision, dans le contrôle, dans la concertation et la négociation... Sans ces connaissances, l'incompétence et l'anarchie s'installent et conduisent tous les projets à l'échec et à la contre-performance. Pour faire face à cette nécessité, l'ONU-HABIT a retenu 12 compétences que doit acquérir un élu ou un responsable local pour qu'il puisse s'informer, décider, contrôler et améliorer la gouvernance locale. Ces douze compétences concernent l'ensemble des aspects qu'exigent la gestion et la conduite d'un projet dans un cadre de concertation et de transparence. Par ailleurs, les programmes de réalisation ont besoin d'être évalués en permanence pour apprécier d'une manière objective l'efficacité et l'efficience du pilotage des projets et conduire à une amélioration continue de la gouvernance locale. L'évaluation est une étape fondamentale dans l'appréciation d'une gouvernance et de ses résultats. Elle repose sur une méthodologie et sur des outils. Elle est établie en fonction des objectifs visés. Comment mesurer la performance de la gouvernance locale ? Une évaluation objective et continue des performances de la gouvernance locale doit être fondée sur des indicateurs mesurables, vérifiables et pertinents. Grâce à une information crédible et vérifiable, elle permet de tirer des leçons et de capitaliser les expériences pour améliorer les approches et la concrétisation des programmes de développement. Cette approche permet de connaître d'une ma-nière significative les facteurs qui ont contribué à la réalisation des objectifs économiques et sociaux et permet également de cerner les causes qui ont conduit à l'échec. Tenant compte de l'impotence d'une évaluation des performances de la gouvernance locale, l'OCDE a élaboré des guides d'évaluation en décrivant la démarche à suivre pour aboutir à une évaluation réelle et objective. « Mieux connaître pour mieux décider ». L'évaluation d'une politique de développement est devenue incontournable et constitue un outil indispensable pour avoir une idée assez précise et objective sur les résultats, sur les effets et l'impact d'un projet ou d'un programme de développement au niveau local et au niveau national. Les conditions qui favorisent la bonne gouvernance locale sont intimement liées à la qualité des institutions, notamment un service public moderne et efficace, la présence de compétences, la formation et l'accompagnement et à une évaluation continue et objective effectuée sur la base d'un baromètre de la gouvernance locale. *Economiste, ancien cadre supérieur, a publié plusieurs ouvrages, notamment « la gouvernance locale, ses principes et ses caractéristiques », « la bonne gouvernance », « la qualité des institutions et résultats économiques »...