Le développement hors hydrocarbures ne saurait résulter de lois mais d'une réelle volonté politique allant vers une libéralisation maîtrisée, un rôle stratégique à l'Etat régulateur, conciliant efficacité économique et justice sociale, évitant l'idéologie dévastatrice 1.-Il y a lieu de prendre au sérieux les déclarations récentes de personnalités étrangères influentes dans le monde des affaires après bon nombre d'autres pays et organisations internationales: - d'Alain BENTEJAC président du Comité National des Conseillers du Commerce Extérieur Français (Cnccef) en date du 03 octobre 2015, - de Mme Joan A. PLOASCHIK Ambassadrice des Etats Unis d'Amérique le 04 octobre 2015, - de l'Ambassadeur de Grande Bretagne Andrew NOBLE le 14 octobre 2015, qui ont affirmé qu'avec la règle des 49/51%, je les cite : « les PME performantes américaines, françaises et anglaises, ne viendront pas en Algérie ». Il faut éviter le chauvinisme et se demander pourquoi car ce sont les portes paroles officiels de leurs investisseurs. Ces déclarations viennent après les mêmes propositions du président de l'Association France/ Algérie, Jean Pierre CHEVENEMENT, ami de l'Algérie, de l'ambassadeur d'Allemagne et du président du Sénat Français. Toutes ces déclarations y compris ceux officiellement publiées des institutions internationales entre 2014/2015 vont dans le sens contraire à la récente déclaration euphorique mais contraire à la réalité, en date du 14 octobre 2015 du Ministre des finances lors de la 17ème Tripartie qui affirme, sans retenue que l'Algérie est la "Mecque des IDE". Où sont les IDE Mr le Ministre ? Mon expérience et mes contacts internationaux aux plus hauts niveaux ont montré que dans la pratique des affaires n'existent pas de sentiments mais que des intérêts. Car force est de reconnaître que l'Algérie attire peu d'investisseurs potentiels hors hydrocarbures, n'utilisant pas les réseaux. Le temps est terminé du tout Etat et des relations personnalisées entre responsables politiques, sans compter les nombreux conflits internationaux de ceux présents où l'arbitrage international a été souvent en défaveur de l'Algérie avec des pertes se chiffrent en dizaines de millions de dollars, montrant la non maîtrise des négociations internationales. 2.-La majorité des responsables, se réfugient derrière les orientations du président de la République pour leurs intérêts propres, qui est un homme pragmatique et il appartient au gouvernement et notamment au Ministre de l'Industrie de l'éclairer, de lui dresser le bilan objectif de la règle des 49/51% selon des normes économiques et non selon une vision idéologique largement dépassée en ce XXIème siècle. Il prendra, j'en suis convaincu, dès lors des décisions conformes aux intérêts supérieurs de l'Algérie pour un partenariat gagnant/gagnant, afin d'avoir une croissance forte condition de la stabilité sociale, loin des intérêts étroits d'une minorité rentière. Le Ministre de l'Industrie doit lui préciser, en détail et selon différents scénarios les aspects suivants : -cette règle des 49/51% instaurée depuis 2009 a-t-elle permis de freiner les importations et pourquoi ce doublement en valeur ? -A-t-elle permis le transfert technologique, managérial et la création d'emplois productifs sachant que le tissu industriel représente moins de 5% du PIB entre 2014/ 2015? -Dans quels secteurs, les quelques participations qui ont eu lieu et ont –elles permis l'accroissement de la valeur ajoutée, sachant que la croissance de par le monde repose sur la densification des PMI/PME initiées aux nouvelles technologies et se fondant sur l'économie de la connaissance à travers des réseaux décentralisés ? -Quel est le montant des surcoûts supportés par l'Algérie et jusqu'à quand ? 3.-A ce titre, je conseille au gouvernement de dresser un bilan pour l'opinion publique, d'être réaliste et pragmatique (ni un libéralisme sauvage, ni l'étatisme bureaucratique rentier) et d'assouplir la règle 49-51% pour les PMI/PME qui n'existe même pas en Chine. Et aberration, l'Algérie, seul pays du monde, voudrait généraliser cette règle même au commerce comme si cette mesure allait réduire les importations alors que le problème est ailleurs. L'on devra distinguer les segments stratégiques, où cette règle peut s'appliquer, qu'il s'agit de définir avec précision, car historiquement datés. Ce qui était stratégique hier peut ne pas l'être aujourd'hui et demain (exemple les télécommunications). Pour les segments non stratégiques mais à valeur ajoutée importante, il serait souhaitable d'appliquer la minorité de blocage de 30% afin d ‘éviter les délocalisations sauvages. Et si demain les réserves s'épuisent, il ne faut pas être un grand économiste, pour prédire que ces étrangers qui ont accepté la règle des 49/51% nous abandonneront à notre propre sort avec le risque de faillites notamment des unités à grandes capacités, l'Algérie ne maîtrisant pas les circuits de commercialisation mondiaux. L'observation des grands espaces mondiaux montrent clairement que seules quelques grandes firmes contrôlent les circuits du commerce mondial, étant impossible aux opérateurs algériens de pénétrer le marché sans un partenariat gagnant/gagnant, l'avenir des avantages comparatifs de l'Algérie étant en Afrique dans le cadre de l'espace Europe - méditerranée. 4.- Aussi évitons de vendre des rêves : combien de codes d'investissement l'Algérie a élaboré depuis l'indépendance politique et combien d'organisations des capitaux marchands de l'Etat sans vision stratégique et le constat est toujours le même : toujours 98% avec les dérivées d'hydrocarbures et important 70% des besoins des ménages et des entreprises dont le taux d'intégration ne dépasse pas 15%, la superficie économique globale étant constituée à plus de 80% de petits commerces/ services avec la dominance de la sphère informelle, montrant clairement que le blocage est ailleurs. Le changement de cap de la politique socio-économique, conciliant efficacité économique et une profonde justice sociale et une révolution culturelle de nos dirigeants devient urgent. Aucun patriote algérien ne veut revivre les impacts dramatiques de la crise de 1986, ni retourner au FMI qui cette fois imposera des conditionnalités draconiennes. La solution n'est pas de se refermer sur soi et de pondre des règles juridiques correspondant à une aisance financière et qui accroissent la méfiance internationale ce qui, avec le temps accroîtra la crise. D'où l'urgence d'une réorientation de toute la politique socio-économique passant par de profonds ajustements économiques et sociaux donc par de profondes réformes structurelles en encourageant le partenariat public/privé local et international, devant éviter l'illusion monétaire, devant synchroniser la sphère réelle et la sphère financière, la dynamique économique et la dynamique sociale et l'illusion mécanique, étant à l'ère de l'immatérialité où les firmes éclatent en réseaux à travers un monde turbulent et instable comme une toile d'araignée. Le retour à la confiance, sans laquelle aucun développement n'est possible passe par une vision stratégique clairement définie. C'est le facteur déterminant comme moyen de mobilisation.Evitons donc tant l'autosatisfaction que la sinistrose. Bien que la situation sera de plus en plus difficile sur le plan financier, l'Algérie a les moyens de la surmonter avec du réalisme par un discours de vérité et en évitant les discours démagogiques populistes se fondant sur une vision idéologique de rente. Il y va de la sécurité nationale.