L'insalubrité dans les mentalités Le comédien Mezache Toufik vient de réussir encore un foie une belle prestation théâtrale en présentant au public Sétifien un monodrame intitulé « El Far Jhar Nhar ». Cette pièce mise en scène par Abderezak Bouchnak et inspirée du célèbre roman de l'écrivain algérien Rachid Boudjedra « L'escargot entêté » a été présentée en avant première ce jeudi à la maison de la culture Houari Boumediene à l'occasion de la journée nationale de l'artiste. La pièce relate la vie de Saci (Mezache Toufik), éboueur de son état depuis deux décennies marquées par un dévouement exemplaire dans sa noble mission de lutter contre l'insalubrité dans les quartiers. Il est bouleversé le jour ou il apprend que voisine Amina (Nour Chams Loukia, 10 ans) est victime d'une paraplégie totale en raison d'un profond choc né de la rencontre de cette dernière avec une meute de rats dans l'ascenseur de l'immeuble. Il décide par conséquent de mener une large compagne de dératisation. Peine perdue pour notre travailleur dont l'idée d'éradiquer le « mal » ne fera finalement pas l'unanimité. Saci butte ainsi sur l'incivisme et l'insouciance des uns, et l'incompétence et la connivence des autres. Il aura même affaire aux défenseurs des droits des animaux. Et après moult tentatives de mobilisation et de conscientisation auprès des différents partenaires, Il se rend compte que la plus grande insalubrité réside beaucoup plus dans les mentalités qu'ailleurs. On aura remarqué qu'à travers cette pièce, la fillette Nour qui monte pour la première fois sur les planche a montré d'emblé qu'elle dispose de beaucoup de capacités d'interprétation théâtrale et qu'elle attend seulement d'être entre de bonne mains, artistiquement parlant, pour développer davantage son talent. L'autre personnage de la pièce a été confié à « Camatcho », de son vrai nom Rouiguem Nouri, connu surtout pour avoir joué avec beaucoup de succès dans les années soixante dix dans le film « Kahla Ou Baidha » de feu Abderrahmane Bouguermouh. Dans cette pièce où il ne prononce, certes aucun mot, mais force est de dire que ses quelques passages furtifs et « silencieux » sur scène avec une torche à la main, en disent long, même si le personnage parait, à priori énigmatique dans sa mine « je m'enfoutiste ». En réalité « El Far Jhar Nhar » est une pièce montée en 1993 sous l'appellation de « Istirahet Madjnoun » ( récréation d'un fou) puis « relookée » ces jours ci en grande partie tant sur le plan du texte qui devient cependant plus limpide et riche en symbole, que de l'interprétation du comédien marquée surtout par la prouesse dans le jeu des voix et des expressions corporelles et faciales. C'est aussi avec humour et dérision que le comédien Mezaache a agrémenté son œuvre. Ce qui lui a permis de tenir en halène l'assistance jusqu'au bout de la présentation. Lui qui nous a habitué par son style captivant dans la série des « one man show » réalisée jusque là avec succès, comme « le Retard », « istirahet Madjnoun », « La générale », « Lamfartes » et « One two,three, viva l'Algérie ». Faut-il rappeler dans ce contexte que Mezaache Toufik qui a débuté sa carrière théâtrale en 1990, ne cesse de se distinguer par les nombreuses consécrations bien méritées à l'échelle nationale et international dont le prix du meilleur acteur lors du 5ème festival international de printemps du théâtre de Sousse, en Tunisie (2005), pour son spectacle "Le Retard". Et en effet, en dépit d'une rude concurrence, Toufik avait brillement devancé de nombreux acteurs syriens, algériens, jordaniens marocains et tunisiens. Bonne continuation TOUFIK.