L'homme de théâtre, Mohammed Mihoubi, a critiqué les semaines culturelles des wilayas organisées dans le cadre des festivals locaux, précisément celles organisées à Oran, soulignant qu'elles n'ont rien apporté de nouveau au théâtre. La cause revient, selon lui, à la non-inclusion des associations locales, considérant ces événements comme une perte de temps et de deniers publics, estimant qu'ils n'ont pas atteint l'objectif réel qui consiste à rapprocher le grand public de la culture. Il exprimera aussi son dégoût sur l'exclusion de son association «El-Amel» qui n'a participé à aucun festival, alors qu'elle fait partie des associations les plus actives à Oran… - Comment c'était votre tournée artistique durant le mois de ramadhan? - Plus de 20 wilayas nous ont sollicités pour la présentation de la pièce «Algérien et fier», après son passage à la télé. Malheureusement, nous n'avons pu satisfaire que 10 wilayas, dont Mascara, Nâama, Saïda et Blida. Et nous devons dire que nous sommes parvenus à épater un grand public, notamment à Nâama où on a dû installer un grand écran à l'extérieur de la salle pour permettre à tout le monde de suivre le spectacle. C'est pour vous dire que ceux qui prétendent que le théâtre n'a pas son public en Algérie se trompent. En fait, c'est nous qui devrions former et construire le public grâce à de l'honnêteté dans le travail et la constance. Il faut savoir aussi que la promotion d'une pièce joue un rôle essentiel dans le fait d'attirer le plus grand nombre de spectateurs. - Quelle pensez-vous sincèrement, aujourd'hui, du théâtre algérien? - Avant, on parlait de théâtre en Algérie mais, aujourd'hui, on dit le théâtre algérien. Cela prouve qu'il existe vraiment. Malheureusement, le climat théâtral est inexistant. Pour ce faire, le théâtre doit comporter trois élément fondamentaux: l'artiste, le public et le critique (chez nous, le journaliste), lesquels existent mais ne semblent pas coordonner leurs actions. - Revenons maintenant aux semaines culturelles organisées dans le cadre des festivals locaux. Servent-elles le théâtre? Et qu'apportent-elles de concret? - Tout le monde constate que le public n'assiste pas à ces événements. Je pense que cela s'explique par l'inexistence d'une commission d'organisation au niveau de la wilaya qui doit inclure les associations locales. On s'est vu exclure de ces événements, alors qu'on est l'une des associations les plus actives à Oran. Et de tels événements, ont besoin d'un planning bien précis. Aujourd'hui, moi personnellement, je considère que ces semaines dites culturelles sont une perte de deniers publics et de temps, sachant que le principal intéressé qu'est le public est absent. Même les intellectuels n'y assistent pas! - La plupart des pièces théâtrales produites sont adaptées de la littérature classique ou arabe, cela signifie-t-il qu'il y a une crise dans l'écriture dramaturgique en Algérie? - L'adaptation n'est pas chose aisée. Elle est même plus difficile et dangereuse que l'écriture. Je pense que celui qui adapte un texte en omettant de préciser la source de son adaptation est un voleur. Pour le volet dangereux de la chose, il y a lieu de signaler ici que celui qui adapte perd la liberté d'agir et se limite aux données de l'auteur original. Mais je dois dire que la majorité des auteurs qui ont recours à l'adaptation le font pour se faciliter la tâche et pensent au profit (au plan pécuniaire) sans se soucier du théâtre et de l'art. - Que pensez-vous de ceux qui continuent à parler de théâtre amateur et de théâtre indépendant? - Ces termes n'ont en réalité aucun sens. Ils ont été utilisés pendant la nationalisation du théâtre par le président Houari Boumediene. En fait, il n'y a qu'un seul théâtre avec des artistes professionnels, amateurs, libres et indépendants. Vous voyez donc que le théâtre algérien vit une autre crise, celle des termes, comme celle vécue par le théâtre arabe au temps de Marouan El-Nakach. - Au fait de quoi souffre le comédien en Algérie? - Il souffre d'une crise de distribution théâtrale et d'un manque terrible d'espaces destinés au quatrième art. N'est-ce pas navrant qu'une ville comme Oran ne dispose que d'un seul théâtre? Ici aussi le comédien a besoin d'un statut social, problème que la plupart des pays ont résolu. - Revenons maintenant à vous, pourquoi avoir choisi le monodrame? - C'est un travail théâtral individuel bien qu'il y ait d'autres artistes dans les coulisses. Dans les années 80, quand nous avons commencé cette aventure, nous avons été traités d'égoïstes. Aujourd'hui, ces détracteurs pensent différemment. Pour ce qui est de mon expérience, je signale que j'ai produit 10 monodrames, ce que d'autre n'ont pas fait malgré leur expérience et leur habilité dans le domaine. Je dois sire enfin qu'il existe à Oran 5 ou 6 artistes qui veulent révolutionner ce genre théâtral.