Le procès lié à la tentative d'attentat contre le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, en 2007 à Batna, s'ouvrira en décembre prochain. Quelque 63 personnes sont accusées dans l'affaire dont 12 seulement ont été arrêtées. Les détails sur l'attentat ayant ciblé le président de la République ce jeudi 6 septembre 2007, mettent en cause Ali Mehira, alias Abou Rouhana, émir de Katibet el Mout (Brigade de la mort). Ce dernier est, selon les éléments de l'enquête, le cerveau de cette action. Tout a commencé deux jours avant la visite de travail et d'inspection du président de la République à Batna. Le «cerveau» de l'attentat a pris contact avec un terroriste repenti, Zeghina Walid (27 ans), pour le charger de récolter des informations précises sur le parcours du cortège présidentiel ainsi que le lieu exact de sa première halte. Zeghina demandera des renforts en hommes pour mener à bien sa mission; les plans d'action pour commettre l'attentat ayant été préalablement arrêtés. Ali Mehira, alias Abou Rouhana, qui a été condamné dernièrement à la peine capitale par la cour de Batna, lui proposa des éléments dont un jeune de 17 ans, Khalid Imad, dont la mission était d'informer et d'éclairer. C'est le même Zeghina qui attendra au niveau de l'itinéraire d'évitement au sud-ouest de Batna, à Tamchit, au pied du mont Ich Ali, simulant une panne en levant le capot de la voiture conduite par un clandestin. C'est ce qui a permis à Boulazreg El Houari de reconnaître ses acolytes. Le jour de l'attentat, Boulazreg El Houari, originaire de l'Ouest du pays, et qui avait dissimulé une ceinture bourrée d'explosifs sous son survêtement, a été transporté par Zeghina en voiture puis guidé à pied par le jeune Imad Khalid jusqu'au café jouxtant la SAA, non loin de la place de la Liberté. Attablé à un café, le kamikaze demandera à son compagnon des détails sur l'endroit où allait s'arrêter le cortège, la hauteur de la barrière qui sépare le public des officiels, etc. Non satisfait des informations fournies par Imad, Boulazreg décide de prospecter les lieux lui-même. Le survêtement et son allure suspecte ont poussé les citoyens à alerter les policiers en civil. Pris en filature, le douteux personnage s'en est vite rendu compte et a tenté de semer ses poursuivants, en vain. Il prendra la direction des 84 logements, remontera vers la rue Larbi Ben M'hidi, au croisement de la rue Grine- Belkacem. Et exactement face à la mosquée El Atik, il sera immobilisé par un élément de la police, le martyr Boudiaf. Le sinistre individu enclenchera la charge provoquant un véritable carnage: 25 morts et 172 blessés ainsi que des milliers de personnes traumatisées. L'exploitation des écoutes téléphoniques a, par ailleurs, permis aux enquêteurs de remonter la filière jusqu'au terroriste repenti Zeghina Walid. Il avoue être le cerveau de l'attentat, fournissant logistique et moyens matériels sous les directives de Mehira Ali et un certain Yahiaoui qui serait l'émir de la zone 5, version El Qaïda au Maghreb. Si onze terroristes sont déjà entre les mains de la justice, les principaux commanditaires sont toujours en fuite. La cour criminelle de Batna jugera, dans sa prochaine session en septembre, ces criminels pour plusieurs chefs d'inculpation allant d'appartenance à groupe terroriste, utilisation d'explosifs au crime avec préméditation. Pour rappel, l'attentat est intervenu près de cinq mois après deux attaques-suicides à la voiture piégée contre le palais du gouvernement à Alger et un commissariat (30 morts et plus de 200 blessés). Ils avaient été revendiqués par la Branche d'Al-Qaïda au Maghreb islamique, l'ancien Groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), affilié depuis à la nébuleuse d'Oussama Ben Laden.