La première et la plus déterminante de ces dérives est l'abandon de la souveraineté nationale au profit des marchands internationaux. C'est elle qui explique le plus que les richesses nationales ne contribuent pas au développement du pays (pays riche, peuple pauvre), mais à la prospérité des fournisseurs étrangers et de leurs relais locaux, quand l'investissement public peut résoudre un grand nombre de problèmes, dont ceux de la croissance et de l'emploi. La pression populaire pousse surtout dans ce sens, qui ne se satisfera pas des mesurettes « patriotiques » qui, de toutes façons, ne peuvent suffirent à inverser ou à refondre une économie extravertie et livrée aux vents capricieux du marché mondial. S'ouvriront, bientôt, les débats concrets sur le sujet. Parce qu'il n'y a pas une autre réponse économique, que celle-ci. L'utilisation pleine et entière de nos ressources dans l'industrialisation du pays et la dynamisation de notre agriculture. La deuxième dérive, qui a beaucoup à voir avec la première, est le climat propice aux « affaires » qui s'est créé (l'euphorie libérale et la panique de rester sur le carreau) et qui a provoqué une course effrénée à l'accumulation, avec tout ce que cela suppose comme « dessous de table » nécessaires pour se frayer le chemin, vers les contrats juteux, dans la jungle des tractations commerciales et irrésistibles pour des fonctionnaires et des bureaucrates aspirés par le délire de l'enrichissement. On appelle cela la corruption, pour la dissocier, du point de vue moral, du système qui la nourrit et sans lequel elle ne pourrait exister. La troisième dérive est d'avoir cru que le peuple croit à l‘économie de marché et qu'il allait en accepter les règles, alors qu'aucun peuple au monde ne l'a fait de son propre gré. Ce qui fait qu'on soit devant ce qu'il pense et qu'il exprime dans différents modes opératoires. Le personnel politique au pouvoir essaie de réagir au coup par coup. Mais, la dynamique semble en route pour que le changement soit une révision complète des données politiques qui ont exclu ceux pour qui les mots démocratie et droits de l'homme veulent dire autre chose que le « chacun pour soi », dans une course à armes inégales où les déjà nantis et les « bras longs » sont en pole position. Le minima requis se trouve dans la rupture des accords internationaux léonins et la libération complète de l'initiative économique de l'Etat, qui compensera les chimériques IDE. Il y a un pays à reconstruire et un peuple qui attend.