Aujourd'hui, deux ans après, l'heure devrait être à la cueillette de tout ce qui a été semé. Mais, qui sème le vent, récolte la tempête ! dit-on. Pourtant, dire que tout est noir serait injuste. Comme tout n'est pas blanc non plus, loin s'en faut ! Le bilan est disons-le, mi-figue, mi-raisin. Il s'inscrit dans la lignée d'une stratégie nationale de développement, entamée une décennie plus tôt, basée sur une vision privilégiant le long terme. Les chantiers sont multiples. L'emploi, la sécurité alimentaire, les infrastructures de base, l'amélioration de l'environnement des entreprises, la lutte contre la bureaucratie et la corruption… une méga mosaïque socioéconomique qui a du mal à décoller. Sur le terrain, beaucoup a été fait en termes d'infrastructures, à l'image de la ligne du tramway, qui, aujourd'hui, est en passe d'être une réalité. La réalisation du projet autoroutier Est/Ouest, qui tire à sa fin… mais le sentiment de gâchis et d'inertie est néanmoins là, toujours présent. C'est d'autant plus incompréhensible, quand on sait pourtant que l'on n'a pas lésiné sur les moyens. En effet, rien que pour la période allant de 2010 à 2014, une enveloppe budgétaire colossale de 286 milliards de dollars a été consacrée. C'est quand même énorme pour si peu de résultats, même si l'on est qu'à mi-chemin. Du point de vue des experts, cette manne financière devrait permettre de sortir définitivement le pays de sa léthargie et de propulser la mécanique de la croissance. Mais, quelle croissance peut-il y avoir, lorsqu'une bonne partie de la population est mal logée, mal nourrie, constamment menacée par le risque de perdre son emploi, faute d'un dispositif fiable de création de richesses, autre que les seules ressources issues des hydrocarbures, dont la distribution est très mal repartie entre tous les Algériens. L'actif et le passif Le bilan de l'an 2 de Bouteflika, c'est aussi tout cela. L'on ne peut dissocier le social de l'économique. Tout comme on ne peut dissocier l'économique du politique. En attendant, la rue s'impatiente. Elle grogne, elle veut tout et tout de suite. Elle ne comprend pas le décalage qu'il y a entre le discours officiel et la réalité au quotidien. Un quotidien fait d'abstinence et de sacrifices. Pour y remédier, le gouvernement décide, dans la hâte, des “mesurettes”. Certaines d'entre-elles ont été conçues dans l'urgence, par simple souci de pondération. Calmer les esprits était apparemment, l'impératif absolu. “Calmez-vous et vous aurez tout ce que vous désirez !” semble, aujourd'hui, rétorquer un gouvernement aux abois. En fait, comment l'Etat compte-t-il réussir aujourd'hui, dans la précipitation, ce qu'il n'est pas parvenu à faire, en prenant tout son temps ? Ainsi, est-ce que le président de la République, premier magistrat du pays, assumera à son compte une politique gouvernementale approximative, avançant une chose et son contraire ? Il faut savoir que dans un bilan, on retrouvera, en bonne place, et le passif et l'actif de l'exercice. C'est connu, il est plus aisé de gérer dans l'opulence et la sérénité que face à l'indigence et la grogne de tout un peuple. D'ailleurs, - bilan oblige- lorsqu'au tout début de l'année, la population est sortie crier sa colère dans la rue contre la mauvaise politique des prix des produits de première nécessité, la solution, vite trouvée par le gouvernement, fut de montrer du doigt les opérateurs économiques, les désignant comme responsables d'une telle gabegie. Cela aussi sera retenu dans le bilan d'un Président qui, faute de faire le ménage autour de lui, aura à charge d'assumer les errements de certains de ses responsables ! Ne pas confondre anarchie et liberté! Et ce n'est surtout pas en fermant les yeux ou en refusant de regarder dans la bonne direction que les affaires du pays s'amélioreront demain. Le constat est là, il ne ment pas, lui. Aujourd'hui, Il n'y a plus de retenue aucune ! Le marché informel en tout genre reprend comme jamais auparavant, la bureaucratie vit ses plus beaux jours, les chauffards sévissent sur les routes en toute impunité et les adeptes des larcins et agressions reprennent du service. Les agents de l'ordre ont d'autres chats à fouetter pour l'instant ! Présentement, la ville affiche un déplorable visage d'anarchie, où la force de l'Etat a considérablement régressé. Nous ne devons pas confondre anarchie et liberté ! Et tout cela fait également partie des minutes du bilan. Comme dans une chaîne, chaque maillon a son importance. [email protected]