Les miracles n'existent pas, surtout pas en économie, et tous les discours qui polluent la réflexion n'y pourront rien. Il en est, ici, de ces experts et doctes spécialistes comme de ces prophètes politiques qui professent les « solutions » en vogue, toutes cueillies dans le bréviaire des FMI, Banque mondiale, OMC et autres institutions qui dictent la conduite des affaires du monde. Des « solutions » qui plongent les plus puissantes économies dans une crise dont on ne perçoit pas encore le fond, alors qu'elles sont au sommet de la « chaîne alimentaire » si l'on peut dire, au sein d'une division internationale du travail qui ne laisse pas une chance de se faufiler, sauf si tout l'édifice est remis en cause. Chose qui exige un sacré bouleversement du rapport de force, car il s'agit ni plus ni moins que de neutraliser d'abord l'OTAN, ensuite d'établir un système d'échange qui ne draine plus les richesses du sud vers le nord et qui donne au sud un accès équitable à la technologie. Tout un programme donc. A ce propos on peut se rappeler que, durant les années 1970, il y avait une revendication des dits « pays non alignés » d'un « nouvel ordre économique mondial ». Elle procédait d'une certaine naïveté vis-à-vis de la possibilité que les centres industrialisés accèdent à la demande. Plus tard, quand le bloc soviétique s'est libéralisé, c'était plutôt les dernières velléités de développement intégré qui sont balayées, au profit d'un véritable viol des politiques souverainistes. A grands coups de « plans d'ajustement structurel » (P.A.S), la majeure partie des pays, qui échappaient aux règles de la « libre-entreprise », est diluée dans le marché mondialisé. Les politiques économiques sortaient désormais des laboratoires étatsuniens, y compris pour les satellites européens, ex-empires coloniaux. Seuls pays qui échappaient à ce sort, sont les pays dits « émergents » qui grâce à cela se sont mis à malmener les multinationales occidentales dans leurs « chasses-gardées ». D'autres, après avoir fait goûter le P.A.S à leurs peuples, ont décidé de défier le diktat imposé, tels plusieurs pays de l'Amérique du sud. C'est à ce prix qu'ils ont pu recouvrer, un tant soit peu, une liberté d'orientation de leurs économies en fonction des intérêts nationaux. Alors on en vient à rester perplexe devant l'entêtement de l'Algérie à persister dans l'inféodation à une politique dont elle ne maîtrise rien, sauf que de faire dans une fuite en avant, sans rien au bout, même pas un mirage, une promesse, une illusion, qui se sont bien envolés depuis qu'il est devenu patent que ni les IDE, ni le capital privé local, ne seront d'un quelconque apport alternatif à l'investissement public et à une rigoureuse planification économique. Bien sûr qu'il faudra se préparer, avant cela, à affronter le courroux de ceux qui voient déjà d'un mauvais œil le maintien d'un secteur public, de subventions de certains produits à large consommation, dont l'énergie, et qui ne resteraient pas les bras croisés, eux et leurs relais internes. Ainsi, on vivrait un vrai changement, concret, palpable, dont le peuple serait assurément preneur.