L'histoire parlementaire du Canada écrit une nouvelle page avec l'entrée par la grande porte de trois députés plébiscités par les urnes, à l'issue des élections fédérales de lundi dernier, qui ont entre autres dénominateurs communs un pays d'origine, l'Algérie, et une appartenance politique de gauche, le Nouveau parti démocratique (NPD). Djaouida Sellah, Tarik Brahmi et Sadia Groguhé, trois personnalités représentant la province du Québec, trois itinéraires de vie venus d'ailleurs, notamment de France, et une seule et même volonté d'apporter leur pierre à la politique locale et nationale. Débarquant dans la belle province en 1998, Djaouida Sellah, l'heureuse élue - 44,6% des voix - à la double casquette, médecin et présidente de l'Association québécoise des médecins diplômés hors Canada et Etats-Unis, s'est imposée dans la circonscription de Saint-Bruno-Saint-Hubert dans la banlieue sud de Montréal. Seul homme de ce trio gagnant, Tarik Brahmi, un employé de Statistique Canada, natif de Lyon, dont le père est originaire de Toudja (Bejaia), a choisi de poser ses valises au Québec en 2002. Fraîchement élu, après avoir raflé 47,4% des suffrages dans la circonscription de Saint-Jean, le nouveau législateur se plaît à ironiser en évoquant les handicaps qu'il a brillamment surmontés : son « nom arabe, son accent français et sa calvitie »... L'autre députée victorieuse – 42% des voix dans la circonscription de Saint-Lambert - née de parents algériens, et aux racines marseillaises, répond au nom de Sadia Groguhé. Cette conseillère en orientation de profession, qui a foulé le sol canadien en 2005, fait une déclaration très nuancée au sujet de la France : « Je ne suis pas intégrée en France mais j'y suis née ». L'herbe politique est-elle plus verte chez nos cousins des grands lacs ? En tout cas l'air législatif semble plus respirable, et certains plafonds de verre institutionnels plus faciles à briser...