La directrice générale de l'Unesco, Irina Bokova, a souligné mercredi que la liberté d'expression, "un droit humain fondamental", est soumise aujourd'hui à des restrictions et des violations qui mettent en danger la libre circulation des idées entre les peuples et les nations. Intervenant dans le débat lors du symposium international sur la liberté de la presse organisé au siège de l'Unesco à Paris, elle a déploré les violences perpétrées contre les journalistes, rappelant que 57 d'entre eux ont été tués durant l'année écoulée dans le monde, en risquant leur vie pour plaider la vérité et informer l'opinion. "Ceux qui risquent leur vie, ne sont pas nécessairement ceux qui travaillent dans des zones de conflits, mais aussi ceux qui dénoncent le phénomène de la corruption, et, s'ils ne sont pas menacés, font l'objet de pressions pour renoncer à leurs enquêtes", a-t-elle ajouté. Les journalistes, a-t-elle dit, sont également conduits à s'autocensurer pour éloigner la menace qui pèse sur eux, et mettent involontairement en danger la libre circulation des idées. Elle a ainsi appelé à "redoubler d'efforts" pour lutter contre ces "menaces" et appelé les Etats à faire "tout ce qui est en leur pouvoir pour améliorer les conditions de sécurité des journalistes qui pourront ainsi remplir leur importante mission". La crise économique qui secoue le monde, a poursuivi Mme Bokova, n'est pas étrangère aux pressions auxquelles sont exposés les médias qui doivent avoir la capacité d'informer quel que soit le contexte ou la situation, qualifiant "d'inacceptable" toute volonté d'empêcher l'opinion d'accéder à l'information. La directrice générale de l'Unesco a estimé que la liberté d'expression est menacée, y compris au sein de l'Union européenne, citant dans ce contexte, 14 pays de l'UE, où cette liberté est exposée à des restrictions et violations diverses. De son côté, la ministre suédoise des Affaires européennes, Birgitta Ohlsson, dont le pays a financé l'organisation de ce symposium, a relevé "l'obligation" de tous les Etats de "protéger les journalistes, faciliter leur travail et publier leurs informations", obligation, a-t-elle estimé, qui constitue une garantie pour la société d'être informée. Elle a aussi souligné l'intérêt d'encourager l'usage de l'Internet qui a la capacité d'intensifier la libre circulation de l'information et des idées, rappelant l'entrée de l'humanité dans une nouvelle ère où la technologie multiplie les potentialités. Mme Ohlsson a plaidé pour l'accès universel à l'Internet comme 8e Objectif du millénaire pour le développement (OMD). Elle a enfin insisté sur le rôle d'"une presse libre et responsable" et sur celui des médias dans le débat des idées autour des questions politiques, économiques, sociales et culturelles.