ABEBA - L'Algérie adhère à la démarche de l'Union africaine (UA) et appuie la feuille de route qu'elle a élaborée pour une "solution durable et pacifique à la situation en Libye", a affirmé vendredi à Addis-Abeba, M. Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines. Intervenant à la réunion du comité de Haut niveau de l'UA, le ministre délégué a formulé une démarche en sept points susceptibles de conforter et de mettre en £uvre la feuille de route africaine pour un règlement de la crise libyenne et pour aboutir à un arrêt des opérations militaires. Il a estimé, dans ce cadre, que le comité devrait "réitérer son appel à un cessez-le-feu immédiat sur tout le territoire libyen et à la cessation de toutes les actions militaires d'ou qu'elles viennent" et "appeler à la mise en place d'un mécanisme pour l'observation et la vérification du cessez-le-feu". M. Messahel a également suggéré que le comité "réitère sa demande de dépêcher en Libye la délégation des chefs d'Etat" qui le compose "pour nouer le dialogue entre les protagonistes de la crise" et plaidé pour une "coordination" des efforts des Nations unies avec ceux de l'organisation africaine et de son comité. "L'aide humanitaire au peuple libyen, l'assistance aux réfugiés et la réinsertion sociale et professionnelle des travailleurs migrants que la crise a réduits au dénuement" devrait aussi figurer dans les priorités que la réunion du comité de Haut niveau aura à définir, a-t-il ajouté. Evoquant la question sensible de la circulation des armes dans la région, conséquence de ce conflit militaire ouvert, M. Messahel a recommandé que le Haut comité décide, à l'issue de sa réunion, de la création d'un "groupe de travail de l'UA pour proposer des voies et moyens pour endiguer la circulation des armes susceptibles de déstabiliser la région". De même qu'il a appelé les partenaires de l'Afrique à "soutenir la feuille de route africaine, afin de faire converger les efforts autour d'une même démarche et d'un même agenda, dans le but de réunir les conditions d'une solution politique par le dialogue et la concertation". "La priorité des priorités est la cessation des combats et des violences qui ont cours en Libye", a souligné le ministre délégué car "la résolution 1973 a été fondée sur des considérations humanitaires, qui doivent être réalisées grâce à un cessez-le-feu visant la protection des populations civiles". M. Messahel a affirmé qu'il était "regrettable que cette résolution n'ait pas prévu de mécanisme d'observation et de vérification du cessez-le-feu", relevant au passage que "les opérations militaires ont été engagées hâtivement et se sont avérées disproportionnées par rapport à l'unique objectif légitime qui est la protection des populations civiles au moyen de l'instauration d'une zone d'exclusion aérienne en Libye". Le ministre délégué a mis en garde, par ailleurs, "contre la tentation d'aller au-delà du mandat de la résolution en la déviant de son objectif, avec le risque de déboucher sur une logique qui tendrait de façon paradoxale à s'inscrire à contre-courant des aspirations légitimes du peuple libyen, qui doit décider de lui même et pour lui même de son devenir". Une telle logique, a-t-il ajouté, qui mènera à l'enlisement et à plus de souffrances pour le peuple libyen" est aussi "porteuse de graves menaces pour toute la région, la circulation des armes à grande échelle étant de nature à exacerber l'insécurité et aggraver le phénomène terroriste notamment dans le Sahel". C'est pour toutes ces raisons, qu'"il est urgent de faire taire immédiatement les armes et tous les actes de violence pour laisser place à la diplomatie et au dialogue", a estimé M. Messahel, tout en déplorant "la fin de non recevoir que les Nations unies ont réservé à la demande de déplacement en Libye faite par le comité de Haut niveau de l'UA" qui "contrevient clairement à l'article 2 du dispositif de la résolution 1973 (2011) qui souligne précisément le rôle de ce comité pour faciliter un dialogue qui débouche sur les réformes nécessaires à un règlement pacifique et durable". M. Messahel a rappelé qu'en application de la décision du président de la République M. Abdelaziz Bouteflika, l'Algérie a adopté les mesures nécessaires pour l'accueil, le séjour et le rapatriement des ressortissants étrangers fuyant la Libye, ou se trouvant dans l'impossibilité de quitter ce pays par voie aérienne pour rejoindre leur pays d'origine. "A ce jour, a-t-il indiqué, 5572 réfugiés, issus de 33 nationalités, sont entrés sur le territoire algérien et 5432 d'entre eux, ont pu bénéficier de mesures de rapatriement, assurées par le gouvernement algérien". M. Messahel a conclu son intervention en renouvelant la "pleine disponibilité" de l'Algérie à soutenir les efforts du comité de Haut niveau "pour la solution pacifique et politique de la grave crise qui affecte nos frères libyens et notre région".