TUNIS - L'assemblée constituante tunisienne a repris mercredi ses débats pour l'adoption de son règlement intérieur et de la loi régissant l'organisation des pouvoirs publics, essentielle pour élire un président de la république et former un gouvernement. La formation du gouvernement revêt désormais un "caractère urgent" en raison de la détérioration de la situation socio-économique que connaît le pays, ont souligné des députés. Les membres de l'assemblée constituante examinent encore les clauses de la prochaine constitution qui instituera le nouveau régime politique à même de permettre l'organisation des élections présidentielle et législatives mettant ainsi fin à la période de transition établie depuis la chute du régime du président Zine Al Abidine Ben Ali le 14 janvier dernier. Le nouveau président de la république candidat du parti "Forum pour la démocratie", M. Moncef Marzouqi, et le prochain chef du gouvernement du parti "Ennahdha", M. Hamadi Jabali, entameront dès la semaine prochaine leur fonction redonnant légitimité aux différentes institutions de l'Etat et rassurant les investisseurs locaux et étrangers. D'autre part, les différends qui opposaient la coalition de la majorité à l'opposition qui a accusé le parti "Ennahdha" d'accaparer le pouvoir en attribuant toutes les prérogatives à son candidat au poste de chef du gouvernement. Par ailleurs, les députés ont examiné le préambule du projet de loi régissant l'organisation des pouvoirs publics qui comporte une série 'amendements dont l'attribution au président de la république la prérogative de nommer le chef du gouvernement, de représenter le pays à l'extérieur, d'arrêter la politique étrangère en concertation avec le chef du gouvernement et la promulgation et signature des lois émanant de l'assemblée constituante et du commandement des forces armées. Le texte en question attribue au chef du gouvernement la désignation des hauts fonctionnaires de l'Etat. Plus explicite, le parti Ennahdha a indiqué par le biais de certains dirigeants qu'" il est prêt à faire plus de concessions et de sacrifices" afin de parvenir à un consensus au sein de l'assemblée constituante toute n restant ouvert aux propositions et amendements visant l'accélération des travaux de l'assemblée constituante. Afin de calmer la colère de la rue qui accuse le mouvement Ennahda de vouloir reproduire une nouvelle forme de dictature et porter atteinte aux libertés individuelles et collectives et aux droits des femmes, le mouvement islamiste a appelé à inscrire les acquis de la femme tunisienne dans une loi fondamentale afin que personne ne puisse les remettre en cause par un vote à la majorité simple. Ennahda a également annoncé son accord pour que toute motion de censure contre le futur gouvernement soit votée à la majorité absolue, l'opposition craignant que le futur gouvernement se maintienne au pouvoir en raison du rapport de force à l'Assemblée, où Ennahda dispose de 89 sièges sur 217. La transition démocratique dans le pays avait été au centre d'une réunion présidé par M. Moncef Marzouki.