ALGER-Le président de la république, Abdelaziz Bouteflika a adressé un message à la veille de la célébration de la journée nationale du Chahid coïncidant avec le 18 février de chaque année dont voici le texte intégral : " La journée nationale du Chahid est célébrée chaque année et au-delà de la symbolique de commémoration et d'évocation, elle nous interpelle à méditer sur sa véritable signification et sa portée historique. Cette journée reste particulière dans la mesure où elle nous rappelle et porte nos pensées vers autant d'hommes et de femmes parmi les enfants de la nation qui ont payé de leur vie le prix de la libération de la patrie et de l'affranchissement de leur peuple. Des convois de martyrs ont gagné les rangs les plus sublimes grâce à leurs nobles sacrifices et donné les exemples les plus éloquents d'héroïsme et d'altruisme et n'ont point failli ni renoncé avant de rejoindre la vie éternelle après avoir gravé, sur le registre de l'histoire et en lettres de sang, le nom de l'Algérie associé à 1,5 million de Chahid. Il n'est de plus sublime mérite qu'une nation puisse faire valoir. Les Chouhada de l'Algérie sont cet éclat de lumière qui a dissipé l'obscurité. Ils sont l'exemple unificateur et mobilisateur et la nation tout entière s'en souviendra à travers les générations comme du rempart protecteur de son essence et de son intégrité et du symbole de sa résistance face à tous les défis et paris qui se posent à elle. Le souvenir de nos martyrs suscite de vives émotions notamment chez les compagnons qui les ont connus et partagé avec eux les moments de lutte mais cette commémoration ne prendra sa pleine signification que si nous nous assurons à travers nos actions et leurs résultats que leurs sacrifices n'auront pas été vains. Le peuple algérien qui a mené un combat acharné pour se libérer du joug colonial a besoin d'évoquer ses martyrs pour puiser dans leur force et leur courage. Leur souvenir le guidera, surtout, sur la voie sûre et le mènera vers des choix judicieux. Les générations changent mais la mémoire des martyrs reste vivace à travers le temps et l'espace pour nous rappeler le devoir de fidélité et de reconnaissance à leurs sacrifices. La célébration de cette journée reflète la forte volonté de continuité et de fidélité. Elle symbolise la glorification du sacrifice suprême au service de la patrie bien qu'il soit difficile de privilégier une étape de l'histoire de la Révolution sur une autre au regard de sa richesse en évènements et enseignements. Nos jours et nos mois renvoient à des étapes importantes notamment le mois de février qui a vu la création de l'Organisation secrète laquelle a balisé la voie pour la lutte armée contre le colonialisme à commencer par l'inscription à l'ordre du jour de l'Assemblée générale des Nations unies de la question algérienne, jusqu'aux accords d'Evian. Il renvoie aussi à des moments tragiques que les enfants de la patrie ont vécus comme les exécutions publiques et sommaires d'Algériens, les essais nucléaires sauvages du 13 février 1960 à Hamoudia dans la région de Reggane ou encore la délimitation de zones interdites et la ligne électrifiée entourée de millions de mines antipersonnel. L'armée coloniale et prétextant pourchasser les révolutionnaires s'est livrée à une agression aveugle contre Sakiet Sidi Youcef qu'elle a réduite à néant à coups de bombes pour signer un autre de ses crimes perpétrés contre notre nation en ce mois de février. Mesdames, Messieurs, Nous avons certainement besoin, alors que le pays s'apprête à engager un processus qualitatif de réformes et de renouveau, de nous remémorer la bravoure et l'esprit de sacrifice de nos chouhadas. Si les sacrifices des Chouhadas ont mené vers la liberté dont jouissent aujourd'hui tous les Algériens, les fruits que nous comptons cueillir de ces réformes profondes doivent profiter indéniablement à tous les citoyens dans le cadre de l'équilibre entre droits et devoirs qui s'impose aujourd'hui plus que jamais. L'Algérie qui jouit d'une longue et riche expérience est consciente de toute la portée des réformes qu'elle entend opérer, des réformes qui émanent de sa propre volonté au mieux des intérêts de la Nation. Tout en admettant l'existence de dénominateurs communs, de principes, de valeurs et de repères qu'elle partage avec les autres peuples, l'Algérie demeure convaincue que sa spécificité ainsi que les moyens dont elle dispose la qualifient hautement pour engager le processus de renouveau, consolider ses Institutions et leur conférer davantage d'efficacité, forte en cela du potentiel qu'elle recèle. Nous voulons une réforme sérieuse et globale qui optimise tous les secteurs et mobilise les potentialités inexploitées en les sortant de l'inertie dans laquelle elles sont confinées. Une réforme qui doit s'opérer parallèlement à la lutte contre la corruption. Si nous échouons sur ce plan, la réforme aura été nulle et sans effet. Je voudrais que mes compatriotes sachent que beaucoup d'évènements qui surviennent autours de nous sont, en fait, porteurs d'illusions trompeuses. Nous sommes conscients de faire partie d'un monde qui change au rythme des nouvelles institutions qui le régissent avec tous les développements qu'elles impliquent et avec lesquels nous devons composer sur la base de nouvelles règles. Toutefois nous demeurons fermement attachés aux principes que j'ai mentionnés plus haut et qui concernent l'impératif que les réformes tiennent compte, en premier lieu, de l'intérêt national. Ces réformes ne doivent pas être hâtives et irréfléchies, elles doivent tendre à faire admettre les postulats qui consacrent le processus démocratique, consolident les institutions constitutionnelles, rétablissent la suprématie de la loi et protègent les libertés individuelles et collectives, autant d'objectifs nobles auxquels aspiraient nos chouhada. Le message clair de nos chouhada est qu'une entité indépendante, quel que soit son poids, ne saurait composer avec l'autre que d'égal à égal. Elle se reconnaît à travers ses propres actions. Les relations basée sur cet esprit permettent à cette entité de se révéler et d'interagir avec l'autre en tant que telle. Elle peut influencer et subir des influences sans pour autant s'effacer ni dépendre de telle ou telle partie. Il n'est pas de faits qui marquent l'histoire des nations que leursgloires, leurs hauts faits et leurs exploits mémorables. Seules les valeurs restent et traversent le temps défiant impermanences et mutations. Nous sommes, sans nul doute, une nation séculaire et enracinée et nous vivons pleinement notre histoire. Une des étapes les plus marquantes de notre histoire est, incontestablement, la glorieuse guerre de libération nationale qui opéra une rupture déterminante entre deux ères. Cette guerre a en effet libéré les territoires du joug colonial et affranchit l'homme pour lui permettre de jouir pleinement de ses potentialités matérielles et morales à la faveur d'une souveraineté absolue. L'évocation de ces hauts fait et de ces gloires nous interpelle aujourd'hui à l'effet de mieux méditer le rôle de la volonté collective de la nation dans la concrétisation du renouveau et la définition des modalités d'interactionavec le changement. Il s'agit aussi d'évaluer le degré de confiance en soi pour raviver la flamme symbolique pour que les générations montantes ne se contentent pas de vanter les gloires du passé. La célébration de la journée national du Chahid nous offre l'opportunité de tirer les enseignements et de nous remémorer la valeur du sacrifice suprême pour la liberté et la souverainté. La sauvegarde de cette souveraineté acquise au prix fort n'est possible qu'à travers un véritable projet de renouveau sur les plans socio-économique et politique. L'ecart cognitif nous séparant des nations qui nous ont devancés en la matière doit également être réduit dans cette perspective. Il est inutile de rappeler les crimes de l'occupant en ce mois où défilent les fastes de l'horreur, mais il est primordial de vanter la résistance obstinée de notre peuple, une équation qui confirme le principe contradictoire du bien et du mal, de la liberté et de l'asservissement, du progrés et du sous-développement. La leçon à en tirer nous amène inéluctablement à relever le défi face au legs vicieux hérité du colonialisme et à mettre en avant les valeurs d'émancipation pour réaliser le progrès. Nous relevons aujourd'hui les défis d'une étape cruciale durant laquelle notre peuple a accompli de nombreuses réalisations matérielles mais aussi morales que l'on ne doit pas ignorer. Et pour nous adapter au mieux au processus de changement, nous avons initié des réformes nous permettant d'asseoir une plate-forme saine et solide pour la tenue d'échéances décisives qui répondent aux aspirations des jeunes. Cela confirme nos orientations qui nous imposent de revenir à chaque fois et à chaque échéance décisive à la parole du peuple et respecter sa volonté en toute intégrité. Les prochaines élections législatives ne doivent pas être un simple événement conjoncturel qui met en lice des candidats mais constituer la pierre angulaire du parachèvement de l'édifice démocratique que nous avons initié. C'est à la lumière des résultats attendus que sera tranchée la question de la constitution du pays qui deviendra la référence qui tracera les contours politiques et sociaux de l'avenir du pays. Le succès de cette échéance est du devoir et de la responsabilité de tout Algérien et Algérienne, électeur et élu. Ainsi seulement nous aurons honoré la mémoire des Chouhadas qui se sont sacrifiés pour que vivent leurs enfants et leurs proches dans un Etat de droit, de liberté et de justice où la volonté du peuple sera souveraine et où le travail sera la source des valeurs pour amorcer une renaissance matérielle et morale. Gloire à nos valeureux martyrs !