ALGER - Les électeurs syriens ont approuvé une nouvelle Constitution, censée sortir la Syrie de la crise qui dure depuis onze mois, mais les violences se sont poursuivies lundi dans ce pays, qui sera mardi au centre d'un "débat urgent" au Conseil des droits de l'homme de l'ONU à Genève. Le ministre syrien de l'Intérieur Mohammad Nidal Al-Chaâr a annoncé dans la journée que la nouvelle Constitution a été adoptée par 89,4% des votants lors du référendum tenu dimanche. Il a précisé que "8,37 millions de votants, soit 57,4% du corps électoral", ont participé au référendum, ajoutant que "753.208 votants ont dit "non" à cette nouvelle Constitution, soit 9%, et il y a eu 132.920 bulletins nuls". Plus de 14 millions de Syriens étaient appelés à voter. Il a estimé qu'il y avait eu "une grande affluence" dans les bureaux de vote "en dépit des menaces proférées dans certaines régions par les groupes terroristes armés et malgré les campagnes d'incitation (au boycottage) lancées par des médias perfides". Ce projet de nouvelle constitution s'inscrit dans le cadre d'importantes réformes engagées par le président syrien Bachar Al-Assad pour tenter de sortir son pays de la crise qu'il traverse depuis près d'un an. La nouvelle loi fondamentale mettra fin au monopole du parti Baath, au pouvoir depuis près de 50 ans, introduira le multipartisme et garantira la liberté et les droits des citoyens. L'article 88 prévoit que le président ne peut être élu que pour deux septennats, mais l'article 155 précise que ces dispositions ne s'appliqueront qu'à partir de la prochaine élection présidentielle prévue en 2014. Malgré les réformes politiques engagées par le gouvernement syrien, la situation est toujours instable dans ce pays, et l'opposition a boycotté le scrutin, en continuant de réclamer le départ du président Al-Assad. Ce projet de la nouvelle constitution a été salué par la Russie qui a espéré que cette initiative constituera "un pas vers la démocratisation ultérieure du pays". Au lendemain de la tenue du référendum sur la nouvelle Constitution, les violences se poursuivent en Syrie. Dans la journée de lundi au moins 14 personnes ont été tuées et des dizaines d'autres blessées à travers le pays, selon l'Observatoire syrien des droits de l'Homme (OSDH). La radio locale "Sham FM" a rapporté qu'au moins sept membres des forces gouvernementales ont été tués dans la nuit de dimanche à lundi lorsqu'un groupe armé a ouvert le feu sur un poste de contrôle en banlieue de la capitale Damas. La situation qui prévaut dans ce pays sera au centre mardi à Genève d'un débat urgent au Conseil des droits de l'homme de l'ONU, dont la 19ème session annuelle s'est ouverte dans la journée. La demande pour la tenue de ce débat a été déposée par le Qatar, rejoint par plusieurs pays arabes, l'Union européenne (UE) et les Etats-Unis, alors que la Russie a souhaité que ces discussions ne perturbent pas les "travaux ordinaires du Conseil". Moscou qui, avec la Chine, a bloqué à deux reprises une résolution du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant la répression en Syrie, a dénoncé le caractère "unilatéral" de la conférence des "Amis du peuple syrien", tenue vendredi à Tunis en présence d'une soixantaine de pays. Le Premier ministre russe Vladimir Poutine, a affirmé que l'Occident manquait de patience pour élaborer une "approche équilibrée" à l'égard de la Syrie au Conseil de sécurité de l'ONU. En dépit des critiques de la part de la Russie et de la Chine, l'UE a adopté lundi de nouvelles sanctions contre le régime syrien, en visant notamment la banque centrale du pays et le transport aérien de fret. Ces sanctions comprennent un gel des biens de la banque centrale syrienne en Europe et une interdiction du commerce de métaux précieux comme l'or réalisé par le pays, ainsi qu'un embargo sur les vols fret opérés par la Syrie.