La société française est de moins en moins ouverte sur l'étranger, et le racisme, la xénophobie et les discriminations ne sont pas des sujets marginaux dans un pays où l'idéal d'égalité et de fraternité est souvent confronté au rejet, relève un rapport 2011 de la Commission nationale consultative des droits de l'homme (CNCDH). Evoquant le racisme en chiffres, la Commission relève que si en 2011 le nombre d'actes à caractère raciste, antisémite et xénophobe constaté par les services de police et de gendarmerie est en léger recul, le lent et continu mouvement d'ouverture de la société française vers "l'autre" - l'étranger, l'immigré- marque le pas. "Pour la deuxième année consécutive la tolérance recule, les sentiments xénophobes se diffusent. La persistance d'un tel phénomène, dans un contexte de crise économique qui favorise les craintes et les incertitudes, appelle à rester vigilant", lit-on dans le rapport rendu public. Les Maghrébins sont les principales victimes du racisme en France et les régions les plus touchées par le phénomène sont l'Ile-de-France, PACA et Rhône-Alpes, signale le document. Le racisme antimusulman a augmenté de +33,6% entre 2010 et 2011, les actes antimusulmans ont été au nombre de 38 en 2011, tandis que les menaces antimusulmanes ont été de 117, l'année dernière. Selon les rédacteurs du rapport, cette augmentation témoigne "témoigne sans doute d'une montée des actes antimusulmans en France", mais elle s'explique aussi en partie par "l'amélioration du recensement des actes commis", à la faveur de la signature d'une convention entre le ministère de l'Intérieur et le CFCM Conseil français du culte musulman). La CNCDH invite, à cet effet, les pouvoirs publics français à se montrer particulièrement vigilants face à cette "violence", s'interrogeant sur l'impact que peuvent avoir certains discours politiques ou certains débats nationaux sur l'attitude de certains français vis-à-vis de la population musulmane. "Il est donc nécessaire de veiller à ce que ces différents débats publics n'aient pas pour résultat de faire augmenter des sentiments de méfiance à l'égard de cette religion", a-t-elle prévenu. Dans un deuxième chapitre de son rapport, la CNCDH s'intéresse au phénomène du racisme dans l'opinion publique, en publiant les résultats d'un sondage CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel)/CNCDH/Service d'information du Gouvernement réalisé du 28 novembre au 5 décembre 2011. Pour la deuxième année consécutive, le sondage note une augmentation de l'intolérance. "Pendant de nombreuses années on avait constaté un mouvement continu de la société française vers plus de tolérance. Pour la première fois, la CNCDH note deux années de suite que les indicateurs sont inquiétants, que l'intolérance augmente", relève le rapport. Les analystes estiment cette évolution "particulièrement préoccupante", soulignant notamment une augmentation de la méfiance à l'égard des musulmans, comme l'année dernière, mais de manière "plus marquée". Il en est de même pour ce qui est du rejet des étrangers de façon générale. Si 51% des personnes interrogées estiment que les musulmans forment un groupe à part dans la société, 59% des sondés estiment qu'il y a trop d'immigrés en France. Pour le CNCDH, cela est un constat d'échec de l'intégration et remet en cause de la possibilité d'un "vivre ensemble" dans la société française.