La troupe musicale "El Aâmma" de Bechar a donné lundi soir au palais de la culture Malek Haddad de Constantine un excellent spectacle, tout en féerie, mais devant une salle presque vide, faute d'information et de promotion. Se produisant dans le cadre de la semaine culturelle de Bechar à Constantine, ouverte dimanche, "El Aâmma" a donné une prestation qui avait tous les ingrédients d'un évènement musical réussi qui aurait pu offrir un moment de détente mémorable au public de la ville du vieux Rocher, d'habitude si friand du genre musical joué par cette troupe. Celle-ci, issue de la célèbre formation El Ferda qui a fait le prestige musical de la wilaya de la Saoura, joue le même genre de musique mystique aux rythmes enflammés qui font vibrer l'auditeur jusqu'à lui faire atteindre le stade du ravissement et de la transe. Les quelques chanceux parmi le public constantinois qui ont pu assister au spectacle ont été charmés par la prestation de cette formation et par les grandes capacités vocales de ses huit membres qui sont à la fois des instrumentistes doublés de talentueux vocalistes possédant des voix aussi belles que puissantes. Ils se sont relayés pour interpréter, en plus de "Ya krim el kourama", des chants moins connus mais tout aussi rythmés, ayant cette capacité de faire vibrer les corps et transporter les esprits comme "Billah ma trak el Mahi", "Ghita", des musiques aissaoua ou carrément des chants sentimentaux (ghazal). Mais le fait le plus marquant et le plus rare pour le public constantinois, c'était d'assister à un morceau d'El Ferda. Majestueusement joué par Zaghouri Boudjemaâ surnommé Boufedja, les sons de ce tambour posé à même le sol et qui fait la particularité de la musique de la région de Kenadza, ont transporté le public même le plus averti, y compris la délégation hôte qui a constitué l'essentiel des spectateurs. Mohamed Zoubiri, l'un des musiciens-chanteurs de la troupe, s'est dit surpris de ne pas retrouver ce merveilleux public constantinois qu'il avait connu lors de son passage en 2004 avec la troupe d'El Ferda, et qui lui avait laissé un souvenir impérissable. En matière de spectacles, force est de constater que ces dernières années le même syndrome revient de façon récurrente à Constantine où les spectacles sont soit surmédiatisés et les organisateurs se retrouvent dans l'obligation de refuser du public faute de place, soit de haute facture mais se jouent pratiquement sans public ou devant une assistance d'invités. Même devant un public très limité composé à majorité des membres composant la délégation de la semaine culturelle de Bechar à Constantine, et malgré des problèmes de sonorisation qui l'ont fortement perturbée, la troupe El Aâmma s'est donnée à fond et a donné une très belle image de cette formation musicale. Le qacid de "ya krim el kourama" écrit par le poète marocain du 19ème siècle, Kaddour El Alami, a été remis au Cheikh de la zaouia de Kenadza pour contrôle, comme le voulait la tradition de l'époque, et celui-ci, qui était lui-même poète, a été si séduit par ce poème mystique qu'il lui a rajouté quelques strophes connues aujourd'hui par les initiés sous le nom de zarb, a indiqué Mohamed Zoubiri.