Le président Barack Obama a signé vendredi un décret présidentiel mettant fin aux expulsions des jeunes immigrés clandestins, une décision qui devrait lui ouvrir la voie royale à un électorat hispanique de poids aux élections présidentielles. Cette loi majeure de la politique d'immigration américaine consacrant la non expulsion s'applique aux immigrés clandestins sans antécédents criminels, âgés actuellement de moins de 30 ans, entrés aux Etats-Unis avant l'âge de 16 ans et y ayant vécu durant cinq ans au minimum et titulaires au moins d'un diplôme d'études secondaires américain. Répondant à une demande de la communauté hispanique américaine, cette nouvelle politique devrait permettre à plus de 800.000 jeunes immigrants arrivés illégalement aux Etats-Unis d'y rester sans crainte d'être expulsés, et de travailler légalement mais sans aller jusqu'à leur accorder la citoyenneté américaine. En 2011, les Etats-Unis ont expulsé 397.000 immigrés clandestins tandis que les estimations pour 2012 prévoient un chiffre de près de 400.000. En recourant à un décret présidentiel, le président Obama a contourné le Congrès qui avait rejeté, il y a quelques mois, le projet de loi Dream act (loi de développement, aide et éducation pour les mineurs étrangers) présenté par les Démocrates mais qui s'était heurté à une opposition farouche du parti républicain qui domine la Chambre des représentants. Le Dream act devait permettre aux étudiants en situation irrégulière de faire non seulement des demandes de bourse publique pour leurs études supérieures mais aussi de régulariser leur statut. En annonçant sa décision, M. Obama a déclaré qu'il n'était pas sensé d'expulser de jeunes talentueux, mais tout en précisant qu'il ne s'agit "ni d'amnistie, ni d'immunité, ni de mesure préalable à l'obtention de la nationalité américaine". Cette décision intervient alors que Barack Obama, qui brigue un second mandat présidentiel, est confronté à une baisse dans les sondages et à une lutte acharnée contre son prochain adversaire républicain Mitt Romney, alors qu'un des enjeux électoraux est représenté par le vote des Hispaniques qui sont (2) deux millions d'électeurs potentiels pour la présidentielle. Les électeurs hispaniques, qui ont fait entendre leur opposition à la politique d'expulsion, pourraient être la clé de victoire pour Obama dans les Swing States (Etats-pivots où aucun des deux partis politiques démocrate et républicain ne domine le vote populaire) dont notamment la Floride, la Virginie, le Colorado et le Nevada. Même si le chef de la Maison-Blanche continue de bénéficier du soutien des électeurs hispaniques, leur enthousiasme s'est quelque peu atténué en raison de la lente reprise économique, de l'augmentation du chômage et de la politique d'expulsion de son gouvernement appliquée jusque-là. La décision d'Obama est susceptible de provoquer une levée de boucliers des Républicains qui veulent, au préalable, des mesures plus strictes en matière de sécurité aux frontières avant d'envisager des changements dans la loi d'immigration. Mais depuis sa victoire à la course pour l'investiture républicaine, le candidat Mitt Romney, qui ne bénéficie pas de la sympathie des Latinos, évite résolument le thème sensible de l'immigration lors de ses meetings électoraux, se focalisant exclusivement sur le bilan économique du président Obama.