Puissant comme la révolution qu'il a déclamée, fort comme les hommes qui l'ont chantée, simple comme Moufdhi Zakaria qui l'a écrit, ''Kassaman !'', l'hymne national est dans tous les cœurs des Algériens, qui célèbrent aujourd'hui jeudi le cinquantenaire de l'indépendance nationale. C'est dans sa cellule, qui portait le N.69, que le poète et militant de la cause nationale Moufdhi Zakaria, de son vrai nom Cheikh Zakaria Benslimane Ben Yahia Ben Cheikh slimane ben ckeikh Aissa, a écrit, avec son propre sang, les vers des cinq couplets de l'hymne national. L'histoire de l'hymne national est celle de la révolution : c'est en avril 1955 que Moufdhi Zakaria, alors détenu dans la tristement célèbre prison de Barberousse, à Alger, est chargé par ''des frères'' de l'écrire. En fait c'est Abane Ramdane et Benyoucef Benkhedda qui chargent un militant de la cause nationale, Rebah Lakhdar, de contacter Moufdhi Zakaria pour écrire l'hymne national de la révolution algérienne. C'est dans un appartement du ''14'' (un immeuble ainsi surnommé car ayant 14 étages) de la rue Hélène Boucher dans l'ex-Ruisseau (El Anassers actuellement) que la décision est prise de donner à la jeune révolution son hymne national. Abane et Benkhedda chargent Rebbah, qui hébergeait alors Abane Ramdane, de contacter Moufdhi avec comme mission décrire cet hymne. Selon des témoignages, l'hymne national sera écrit du sang même de Moufdhi Zakaria, car n'ayant ni crayon ni papier pour écrire en cellule. ''Fach'hadou !'' (Témoignez-en !) est né. Plus tard, le poème de Moufdhi Zakaria sera renommé ''Kassaman'' (Nous jurons). Il sera chanté pour la première fois à Tunis, dans les studios de la radio-télévision tunisienne en 1957. Mais, auparavant, il fallait composer cet hymne. C'est le chanteur-compositeur et comédien Mohamed Touri, célèbre pour ses ''sketches'', qui sera chargé de cette mission. Mais, la composition musicale de Touri ne plait pas tellement. La composition musicale de l'hymne national sera ensuite confiée au tunisien Mohamed Triki avec une chorale algérienne à Tunis. Là aussi, l'essai n'est pas concluant. Et c'est vers le compositeur égyptien Mohamed Fawzi que les regards se tournent. La partition musicale de Mohamed Fawzi sera retenue finalement, et c'est cette partition qui est montée au maquis, porteuse des espoirs et des sacrifices ultimes d'une génération d'Algériens pour que vive enfin leur patrie libre et indépendante. Et c'est cette même partition que tous les Algériens chantent aujourd'hui, cinquante années après son adoption officiellement comme l'hymne national de l'Algérie indépendante. Egalement message aux générations futures, l'hymne national se termine ainsi : Kassaman audio ''Des Champs de bataille monte l'appel de la Patrie Ecoutez-le et obtempérez ! Ecrivez-le avec le sang des Martyrs ! Et enseignez-le aux générations à venir ! O Gloire ! Vers toi Nous tendons la main ! Car Nous avons décidé que l'Algérie vivra Soyez-en témoins ! Soyez-en témoins ! Soyez-en témoins !''