Le taux de chômage aux Etats-Unis a reculé à 8,1% en août contre 8,3% en juillet, mais cette baisse ne reflète pas réellement un nouveau dynamisme dans l'économie américaine marquée encore par un ralentissement dans la création de l'emploi. Selon les chiffres publiés vendredi par le département du Travail, le nombre d'emplois nets (différence entre emplois créés et supprimés) aux Etats-Unis a augmenté de 96.000 en août (contre 141.000 créations nettes d'emplois en juillet), alors que les économistes tablaient sur la création de 126.000 postes de travail. Si le taux de chômage a baissé c'est surtout en raison de l'augmentation du nombre des chercheurs d'emplois découragés par la perspective de trouver du travail, expliquent les analystes qui se réfèrent à la baisse du taux de participation au marché du travail qui s'est établi à 63,5 % en août, son plus bas niveau depuis 31 ans. Publiés au lendemain de la clôture de la Convention nationale des Démocrates, qui a investi formellement Barack Obama pour briguer un second mandat présidentiel, ces mauvais chiffres augmentent la pression politique sur la Maison Blanche et apportent de l'eau au moulin du camp républicain qui fait du chômage un élément central dans ses attaques contre le camp adverse. L'emploi et l'économie sont, en effet, les thèmes fondamentaux de la campagne présidentielle de Barack Obama et de son adversaire républicain Mitt Romney où chacun essaye de convaincre les électeurs qu'il est le mieux placé pour redynamiser la croissance économique et créer des emplois. Dans sa réaction à la publication des statistiques du département du travail, le conseiller économique auprès de la présidence américaine, Alan Krueger, a estimé que ce nouveau rapport était ‘‘une preuve supplémentaire que l'économie américaine continue de se remettre de la pire récession depuis la Grande Dépression''. Il est essentiel, a-t-il ajouté, de ‘‘poursuivre la politique qui a instauré une économie pour la classe moyenne et qui a déblayé le chemin pour sortir du trou profond causé par la grave récession qui a commencé en décembre 2007'' sous l'ère de l'ex. président républicain George W. Bush. Saisissant au bond l'occasion de la publication de ces chiffres sur l'emploi, le candidat Mitt Romney a décoché sa flèche en raillant les Démocrates : ‘‘Si la nuit dernière (de la Convention nationale démocrate) c'était la fête, ce matin, c'est la gueule de bois''. Et d'ajouter : ‘‘Pour chaque emploi net créé en août, près de quatre Américains ont abandonné toute recherche du travail. C'est du pareil au même pour les familles de la classe moyenne qui souffrent de la pire reprise économique depuis la Grande Dépression''. La croissance très lente du marché du travail pourrait inciter la Réserve fédérale à prendre des mesures lors de sa réunion de politique monétaire prévue les 12 et 13 septembre, pronostiquent les analystes. La semaine dernière, le président de la Fed, Ben Bernanke, avait confirmé la disposition de son institution à soutenir davantage l'économie du pays, surtout si la croissance reste trop faible pour permettre au chômage de baisser. "Nous ne devrions pas exclure" de prendre de nouvelles mesures exceptionnelles d'assouplissement monétaire, avait alors déclaré M. Bernanke qui avait mis en garde que sans accélération de la croissance économique, tombée au 2ème trimestre à son rythme le plus faible depuis l'été 2011 (+1,7%), le taux de chômage restera trop longtemps à un niveau intolérable. Dans ce sens, il a avancé que la Fed pourrait opter pour l'une de deux mesures : soit racheter de nouveaux titres sur les marchés financiers visant à réduire les coûts d'emprunt et de promotion des investissements, soit étendre l'échéance de son taux d'intérêt de référence, située près de zéro, jusqu' à 2015 au lieu de la fin 2014.