M. Rezag Bara conseiller à la présidence de la République a déclaré samedi que la communauté internationale, dans sa stratégie de lutte contre le terrorisme, avait fait sienne l'approche que l'Algérie avait adoptée tout au long de son expérience, dans la lutte contre ce phénomène. Invité de l'émission "débat de la semaine" de la radio nationale (chaîne I) M. Rezag Bara a souligné que "l'Algérie, dans toutes les circonstances auxquelles elle se trouve confrontée, avait un plan d'action, une vision et une stratégie, forte de son expérience dans la lutte contre le terrorisme et privilégiant la prévention, en s'attaquant aux causes qui conduisent à commettre des actes terroristes, et en établissant la corrélation qui existe entre ce phénomène et les conditions économiques et sociales qui prévalent sur le terrain". M. Bara a rappelé que l'Algérie, pour avoir affronté le terrorisme "avait mis en garde que ce qui lui arrivait n'est pas dû seulement à des problèmes internes, mais lié à une série de facteurs d'ordre externe, notamment le terrorisme transfrontalier". "Le terrorisme transfrontalier est classé désormais comme une menace pour la paix et la sécurité internationales", a-t-il ajouté, soulignant que les nations unies avaient conçu leur stratégie de lutte contre le terrorisme en 2006 sur la base de quatre paramètres que l'Algérie avait pris en compte plusieurs années auparavant dans sa lutte contre le terrorisme. Le premier paramètre consistait à définir les facteurs qui conduisent au terrorisme, alors que le deuxième paramètre se traduisait par l'identification des mécanismes devant être adoptés pour faire face à ce phénomène, le troisième paramètre étant la manière par laquelle ce danger devait être combattu dans le cadre du respect des droits de l'homme et de ses libertés fondamentales, et enfin la manière dont les droits des victimes du terrorisme doivent être protégés, a-t-il poursuivi. M. Bara a relevé que la stratégie internationale de lutte contre le terrorisme s'est subdivisée en stratégies régionales (conventions au niveau de l'Union européenne, l'Union africaine, la communauté islamique, et autres..) qui à leur tour se sont subdivisées en stratégies nationales. Pour le conseiller à la présidence de la République, la stratégie de lutte contre le terrorisme "comporte différents mécanismes selon la variation des situations" et tient compte des conclusions des réunions qui se tiennent à des endroits précis dans le monde, et ce, dans le cadre du Forum mondial pour la lutte contre le terrorisme auquel participent quelques 30 Etats dont l'Algérie. Dans ce contexte, M. Bara a indiqué que ce forum, qui se tient périodiquement tous les six mois tiendra une réunion de coordination ministérielle en décembre prochain à Abou Dhabi à laquelle participera l'Algérie. Pour ce qui est des groupes de travail des pays du Champ, M. Bara a cité le groupe du Sahel que préside l'Algérie et le Canada, le groupe de la Corne de l'Afrique, le groupe spécialisé dans l'extrémisme devant mener au terrorisme et à la violence, le groupe devant se pencher sur la lutte contre le terrorisme dans le cadre de la loi et enfin le groupe de l'Asie du Sud-Est. Par ailleurs le conseiller à la présidence de la République devait aborder la pensée (philosophie) qui véhicule le terrorisme "qui est la pensée salafiste djihadiste qui interprète le message du prophète de manière erronée et incite certains jeunes à basculer vers le terrorisme", a-t-il conclu. M. Rezzag Bara a souligné la nécessité de "corriger cette doctrine", estimant que l'approche de la lutte contre le terrorisme "n'est pas militaire mais politique". "Il faut s'attaquer aux problématiques politiques qui font que ces groupes poussent des jeunes vers une doctrine djihadiste salafiste violente qui n'a rien à voir avec le message du Prophète", a-t-il dit. Selon le conseiller à la présidence de la République, les groupes islamistes qui "s'appuient sur une approche religieuse pour influer sur la situation politique et le mode de gouvernance existent depuis des dizaines d'années et ça ne pose pas problème dans la mesure où ça participe du pluralisme". Le danger et l'erreur c'est quand l'extrémisme est utilisé pour promouvoir une doctrine dans laquelle la violence et le djihad sont les seuls moyens d'accéder au pouvoir, a-t-il ajouté. L'approche algérienne "n'est pas religieuse stricto sensu dans la mesure où elle accorde à la religion sa juste mesure dans une société musulmane qui coexiste avec les autres (sociétés)", a-t-il affirmé, précisant que "nos ennemis ne sont pas les juifs ou les chrétiens mais les sionistes et colonisateurs". Il n'existe pas à l'échelle internationale de définition communément admise du phénomène du terrorisme, a-t-il noté, précisant que les concepts différaient dans les Etats du nord concernant la lutte légitime contre l'occupation et la colonisation et l'exercice par certains Etats d'un terrorisme d'Etat contre des peuples occupés. "Nos sociétés, quant à elles, sont aujourd'hui immunisées et font la différence entre les préceptes de notre religion et les approches étroites et fallacieuses", a souligné M. Rezzag Bara. Evoquant l'utilisation d'internet par les mouvements djihadistes, l'intervenant a fait savoir que "des cours sont donnés pour former les terroristes" via ce réseau mondial, notant toutefois "la prise de conscience" de la communauté internationale quant à ce danger. Une coopération internationale s'est d'ailleurs mise en place sur internet pour resserrer l'étau sur les groupes qui utilisent ce réseau à des fins djihadistes, a-t-il ajouté, précisant que la communauté internationale faisait appel aux experts algériens pour distinguer entre les sites qui promeuvent les véritables préceptes de l'islam et ceux qui forment les djihadistes. Pour M. Rezzag Bara, les groupes terroristes ne présentent plus aujourd'hui de menaces pour les régimes, quels qu'ils soient, car, a-t-il dit, les efforts de lutte ont permis à l'opinion publique de s'éveiller et de mettre un terme à la capacité de mobilisation du terrorisme.