La Banque mondiale a prévenu que sans des mesures de lutte contre le changement climatique, le monde subirait les "conséquences catastrophiques" d'une hausse de 4°C de la température moyenne d'ici la fin du siècle, dont des vagues de chaleur extrême, une baisse des stocks de denrées alimentaires et une élévation du niveau des mers touchant des centaines de millions de personnes. Publié dimanche soir, le rapport scientifique commandé par la BM auprès de Potsdam Institute for Climate Impact Research (PIK) et Climate Analytics, souligne que le réchauffement climatique mondial pourrait atteindre 4°C d'ici la fin du siècle, et que les engagements actuels de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) ne permettront guère d'atténuer cette hausse de la température moyenne. Le rapport prévient qu'une augmentation de 4 °C pourrait avoir des conséquences catastrophiques : inondation des villes côtières, risques accrus sur la production vivrière pouvant conduire à une hausse des taux de sous-alimentation, aggravation de la sécheresse dans les zones arides et du niveau d'humidité dans les zones humides, vagues de chaleur sans précédent dans beaucoup de régions, aggravation sensible des pénuries d'eau, intensification des cyclones tropicaux et perte irréversible de la biodiversité. Il précise qu'on devrait s'attendre à des hausses de 6 °C ou plus des températures mensuelles estivales moyennes dans la région méditerranéenne, en Afrique du Nord, au Moyen-Orient et dans certaines parties des Etats-Unis. En outre, une élévation de 0,5 à 1 mètre du niveau moyen des mers sera vraisemblablement observée d'ici à 2100, et des niveaux plus élevés sont également possibles, indique la BM qui avance que certaines des villes les plus vulnérables à ce phénomène sont situées au Mozambique, à Madagascar, au Mexique, au Venezuela, en Inde, au Bangladesh, en Indonésie, aux Philippines et au Viet Nam. L'agriculture, les ressources en eau, la santé humaine, la biodiversité et les services écosystémiques seront vraisemblablement gravement touchés. Ces répercussions pourraient engendrer de vastes déplacements de populations, réduire la sécurité et perturber les systèmes économiques et le commerce. En outre, beaucoup de petits Etats insulaires risquent de se trouver incapables d'assurer la survie de leurs populations. Selon le président de la BM, Jim Yong Kim, ‘‘si nous n'agissons pas suffisamment contre le changement climatique, nous risquons de léguer à nos enfants un monde radicalement différent de celui que nous connaissons aujourd'hui''. De son côté, le directeur de PIK, John Schellnhuber, a avancé que si le seuil de 2 degrés sera dépassé pour s'approcher de 4 degrés, ‘‘le risque de franchir le point de non-retour s'aggrave sérieusement'', estimant que le seul moyen d'éviter ce piège est de ‘‘modifier nos modes actuels de production et de consommation.'' Cependant, la hausse de 4 degrés n'est pas inévitable, souligne le rapport : ‘‘L'adoption de politiques de développement durable pourrait en effet nous permettre de limiter le réchauffement planétaire à moins de 2 degrés, soit le seuil fixé par la communauté internationale, sachant que cette limite fait elle-même courir à l'environnement et aux populations humaines des risques non négligeables.'' Pour la vice-présidente de la BM chargée du développement durable, Rachel Kyte, ‘‘chaque pays choisira, bien sûr, des moyens différents pour réaliser une croissance plus écologique et trouver un compromis entre ses besoins d'énergie et les impératifs de gestion durable de cette énergie''. Au nombre des initiatives envisageables, le rapport cite l'utilisation à meilleur escient de la somme de plus de 1.000 milliards de dollars actuellement consacrée aux subventions pour l'exploitation des combustibles fossiles et autres subventions aux effets pervers sur l'environnement, l'augmentation des dépenses publiques et privées consacrées à ‘‘l'infrastructure verte'' et aux systèmes de transports publics urbains conçus pour minimiser les émissions de carbone et maximiser la création d'emplois et l'accès aux services. Il insiste aussi sur l'appui aux régimes internationaux et nationaux de détermination du prix du carbone et d'échanges de droits d'émission, l'augmentation du rendement énergétique (en particulier dans les bâtiments) et un meilleur partage de l'énergie renouvelable produite.