L'Association marocaine des droits humains (AMDH) a appelé lundi à Rabat à la libération "immédiate" des détenus sahraouis arrêtés lors du démantèlement du camp de Gdeim Izik, le 8 novembre 2010, à El Ayoun (ville sahraouie occupée) par les forces marocaines. "L'AMDH demande, une nouvelle fois, leur (détenus sahraouis) libération immédiate et l'ouverture d'une enquête concernant ce qu'ils avaient subi comme violations flagrantes de leurs droits" a souligné l'ONG marocaine dans une déclaration publiée à l'occasion de la célébration de la journée mondiale des droits de l'homme (10 décembre) qu'elle commémore sous le mot d'ordre : "Ensemble pour la libération des détenus du Mouvement du 20 février et de tous les détenus politiques". L'AMDH a indiqué dans sa déclaration qu'"elle suit également avec grande inquiétude la situation des détenus arrêtés avant, durant et après ces évènements ou en rapports avec eux et dont la plupart ont été sévèrement torturés et déférés devant le tribunal militaire - en violation flagrante de leur droit à un procès équitable -, et sont toujours emprisonnés sans procès pendant une durée dépassant les deux années". Après avoir fait remarquer qu'elle a suivi, durant cette année (2012), principalement les affaires liées à la situation des détenus sahraouis en raison de leurs opinions ou leur activité politique, ainsi que la poursuite du sit-in des ex-prisonniers militaires du Polisario, l'ONG relevé qu'elle a "enregistré le désintérêt du gouvernement marocain vis-à-vis des recommandations soulignées dans le rapport de l'AMDH concernant les événements d'El Ayoun lors du sit-in des habitants dans le camp de "Gdeim Izik" en 2010 et lors de son démantèlement". S'agissant du conflit du Sahara occidental, l'AMDH a rappelé, à cette occasion, sa position résidant dans "l'appel à une solution démocratique du conflit et le traitement global de toutes les violations graves en rapport avec ce dossier, quelle que soit leur origine et ce, en tenant compte du droit des peuples de la région à la paix, au développement et à la démocratie". Pour rappel, 24 prisonniers politiques sahraouis, dit "groupe Gdeim Izik", sont actuellement détenus à la prison locale 2 de Salé (ville jumelle de Rabat), depuis deux plus de ans. Refusant leur procès devant un tribunal militaire, ils ont observé plusieurs grèves de la faim afin d'alerter l'opinion publique et revendiquer l'amélioration de leurs conditions de détention ainsi que leur libération inconditionnelle ou la tenue d'un procès juste et équitable devant un tribunal civil. Selon des organisations et juristes indépendants européens "leur maintien en détention, sans aucune décision judiciaire, est contraire à la fois aux normes marocaines, et aux normes internationales dont le Pacte International relatif aux droits civils et politiques et son article 9". De son côté, l'Association de défense des droits de l'homme au Maroc (ASDHOM) avait rappelé dans lettre adressée, en novembre dernier, au ministre marocain de la Justice et des libertés, Mustapha Ramid, que "les détentions provisoires sont illégales même au regard du droit pénal marocain qui fixe la durée légale de la détention provisoire à douze mois". Les prisonniers sahraouis, militants des droits de l'homme, sont notamment accusés d"'atteinte à la sécurité intérieure et extérieure de l'Etat, formation d'une bande criminelle et atteinte aux fonctionnaires publics dans le cadre de l'exercice de leur fonction". Selon la loi marocaine, ils risquent la réclusion à perpétuité.