Le président soudanais Omar el-Béchir et son homologue sud-soudanais Salva Kiir sont parvenus samedi un accord, sous l'égide de l'Union africaine (UA), sur la mise en œuvre des accords de sécurité et la mise en place des institutions civiles dans la région disputée d'Abyei, ouvrant la voie à une normalisation des relations entre les deux pays. Les deux présidents se sont notamment mis d'accords sur la mise en œuvre des accords de sécurité en coupant les liens entre l'Armée populaire de libération du Soudan (SPLM), ex-mouvement rebelle du Soudan du Sud et le Mouvement populaire de libération du Soudan/ secteur nord (SPLM/Nord), selon l'agence de presse soudanaise Suna. Ils ont convenu également de "mettre en place rapidement les institutions civiles dans la région d'Abyei et de fixer un calendrier sur la mise en œuvre des accords de coopération signés en septembre dernier". C'était la première rencontre entre les deux présidents depuis qu'ils ont signé en septembre dernier une série d'accords restés lettre morte. La réunion à Addis-Abeba s'est tenue en présence du médiateur de l'UA, l'ancien président sud-africain Thabo Mbeki et du Premier ministre éthiopien Hailemariam Desalegn. Le comité de mise en œuvre de l'UA a annoncé juste après l'accord inter-soudanais qu'il allait établir immédiatement un plan de mise en œuvre rapide et sans condition de tous les accords conclus entre le Soudan et le Soudan du Sud. Selon M. Mbeki, le plan de mise en œuvre des accords serait prêt d'ici dimanche prochain. Les présidents des deux Soudans ont accepté de se rencontrer à nouveau pour discuter du statut final de la région d 'Abyei et de la formation d'une commission chargée d'organiser un référendum sur cette région, selon M. Mbeki. M. Mbeki, médiateur de l'UA, et Hailemariam, également président en exercice de l'Autorité de développement intergouvernementale (Igad), se sont déclarés satisfaits des résultats de la rencontre entre les présidents des deux Soudans à Addis-Abeba. Pour sa part, le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, avait salué jeudi la tenue du sommet entre en Béchir et Salvakir, en encourageant "les deux présidents à traiter de façon décisive toutes les questions en suspens dans les domaines de la sécurité, de la délimitation de la frontière et du statut final de la zone d'Abyei''. Avant les pourparlers d'Addis-Abeba, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Norvège avaient publié un communiqué commun demandant aux armées des deux Soudans de "se retirer immédiatement" de la zone frontalière, riche en pétrole. La reprise de la production de pétrole est "particulièrement importante pour les deux économies et ne devrait pas être retardée par les négociations portant sur d'autres questions", avaient-ils relevé. Lors de leur précédente rencontre en septembre 2011, les présidents soudanais et sud-soudanais avaient décidé la mise en place d'une zone-tampon démilitarisée à leur frontière commune. Mais la production pétrolière n'a toujours pas repris et la délimitation de la zone-tampon continue de poser problème. Au plan sécuritaire, l'armée sud-soudanaise a de nouveau accusé jeudi les forces soudanaises de l'avoir attaquée dans une zone frontalière, l'Etat du Bahr el-Ghazal occidental (nord-ouest). Le négociateur principal de Juba, Pagan Amum, a qualifié de "malheureuses" les "attaques au sol et les bombardements aériens" mercredi, disant que le climat des pourparlers en "avait pâti". Les contentieux entre les deux pays portent notamment sur le partage des ressources pétrolières, le statut des ressortissants de chaque Etat sur le territoire de l'autre, le tracé frontalier et l'avenir de la zone frontalière d'Abyei. Un référendum sera organisé dans la région d'Abyei pour déterminer l'avenir de cette région riche en pétrole située à cheval sur la frontière entre le Soudan et le Soudan du Sud. L'accord de paix signé en 2005 entre Khartoum et Juba qui a mis fin à plusieurs décennies de guerre civile et débouché sur la partition du Soudan, prévoyait que les populations d'Abyei se prononcent par référendum sur leur avenir en janvier 2001. Mais la consultation n'a pas pu avoir lieu en raison des différends entre Khartoum et Juba sur le corps électoral dans cette zone revendiquée par les deux pays. Le Soudan du Sud est devenu indépendant en juillet 2011 en vertu d'un accord de paix ayant mis fin à une longue guerre civile (1983-2005, deux millions de morts). Mais les questions restées en suspens enveniment les relations entre les deux pays et des combats au printemps les avaient conduits au bord d'une nouvelle guerre.