Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a soumis mercredi au Conseil de sécurité deux options en vue de la transformation de la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (MISMA) en opération de stabilisation et de maintien de la paix de l'ONU. A "ce propos, le secrétaire général adjoint de l'ONU pour les Affaires politiques, Jeffrey Feltman, a présenté devant le Conseil le rapport du chef de l'ONU sur le Mali, qui comprend non seulement son compte rendu de la mise en œuvre de la résolution 2085 relative à ce pays du Sahel mais aussi les différentes modalités de création d'une opération de maintien de la paix, et ce, à la demande du Conseil. Pour M. Feltman, nombre d'interlocuteurs maliens tout comme l'Union africaine et la CEDEAO ont demandé ''de confier à une force des Nations Unies la mission de mener des combats contre des groupes terroristes dans le but de rétablir l'intégrité territoriale du Mali''. Selon cette option, l'opération Serval, conduite par la France à l'appui des Forces maliennes de défense et de sécurité, transférerait ses responsabilités, y compris à la faveur de la conversion de la MISMA, à une mission des Nations unies, dotée d'un mandat d'imposition de la paix l'habilitant à combattre les derniers groupes insurgés actifs et à mener des opérations de contre-terrorisme, a-t-il dit. Combattre des groupes extrémistes dans le désert exige des moyens militaires très particuliers Mais pour Ban Ki-moon, ''combattre des groupes extrémistes dans le désert et les montagnes du nord du Mali exige des moyens militaires très particuliers et très difficiles à obtenir mais qui seront néanmoins cruciaux pour toute force engagée dans de telles opérations''. Aussi, il a fait valoir que ''l'ONU n'a pas la configuration nécessaire pour superviser de telles opérations à un niveau stratégique, et les soldats de la paix ne sont généralement pas dotés de la formation, de l'équipement ou de l'expérience requis pour la conduite de ces opérations en exécution d'un tel mandat, sans compter qu'une action de cette nature déborde le cadre de la doctrine de maintien de la paix des Nations unies''. Cette option, a-t-il poursuivi, ''soulève également la question de savoir si l'ONU peut soutenir les innombrables pertes auxquelles s'exposent ces opérations''. Deux options à l'examen du Conseil de sécurité Par conséquent, le SG de l'ONU a proposé deux options à l'examen du Conseil. La première option, a indiqué Jeffrey Feltman, envisage une présence politique intégrée et multidimensionnelle des Nations unies aux côtés d'une force militaire sous conduite africaine. Celle-ci permettrait à l'ONU de poursuivre ses activités de politique et de développement dont les domaines stratégiques seraient le soutien au dialogue national, au processus électoral et à la promotion des droits de l'homme. Quant à la seconde option, il s'agirait d'une mission de stabilisation intégrée et multidimensionnelle des Nations unies créée en vertu du Chapitre VII, en complément d'une force parallèle. En plus de son mandat politique, cette mission serait chargée de stabiliser et de sécuriser la situation, en axant ses efforts sur la protection des civils et les conditions de la fourniture de l'aide humanitaire. Elle obéirait à des règles d'engagement fermes et serait autorisée à utiliser tous les moyens nécessaires pour contrer les menaces susceptibles d'entraver l'exécution de son mandat. A ce titre, elle pourrait notamment mener des opérations seule ou en coopération avec les Forces de défense et de sécurité maliennes. Le secrétaire général adjoint a, en effet, prévenu que ''la situation au Mali demeure changeante et des éléments extrémistes et terroristes continuent de représenter une menace importante à la sécurité des civils et du personnel de l'ONU''. En proposant ces deux options, le secrétaire général insiste sur la nécessité fondamentale ''d'établir une distinction claire entre les tâches de maintien de la paix qui seraient confiées à la mission de stabilisation des Nations unies envisagées, et les activités d'imposition de la paix et de contre-terrorisme d'une force parallèle'', a précisé Jeffrey Feltman. Présent à cette séance, le représentant du Mali, Omar Daou, a d'emblée indiqué que le choix de son pays se penchait vers la seconde option, à savoir la mission de stabilisation intégrée, en complément d'une force parallèle. Aujourd'hui encore, a-t-il déploré, l'objectif de libération totale du territoire national n'est pas encore atteint et la paix n'est toujours pas instaurée, estimant que la seconde option permettrait d'atteindre les objectifs de restauration de la souveraineté de l'Etat malien. La seconde option a également été privilégiée par la CEDEAO qui était représentée aujourd'hui au Conseil de sécurité par le représentant de la Côte d'Ivoire. Selon ce dernier, une opération de stabilisation des Nations unies dotée d'un mandat robuste avec la présence parallèle serait la formule la mieux adaptée pour créer les conditions propices à la mise en oeuvre rapide de la Feuille de route de la transition, notamment la tenue des élections présidentielle et législatives prévues, selon son homologue malien, le 31 juillet au plus tard. Selon les estimations, a expliqué le représentant ivoirien, il faudra une force de 11.200 militaires et 1.440 policiers. Le Burkina Faso, le Niger, le Togo, le Nigeria, le Tchad, la Sierra Leone, le Sénégal, la Guinée, la Côte d'Ivoire et la Gambie se sont engagés à fournir des bataillons d'infanterie, a-t-il assuré.