Synthèse de Ghada Hamrouche Le Conseil de sécurité a donné, jeudi soir, le feu vert pour le déploiement d'une force internationale au Mali, sans toutefois fixer de date. Le déploiement de la Mission internationale de soutien au Mali sous conduite africaine (Misma) est mandaté pour une année dans l'objectif de déloger les groupes armés qui se sont installés au nord du Mali. Le Conseil de sécurité a, cependant, fixé les conditions de ce déploiement, les assujettissant à trois points fondamentaux. Il s'agit de l'instauration d'un dialogue politique, l'organisation des élections générales et la formation des troupes, militaires africaines. La résolution 2085, adoptée, jeudi, à l'unanimité par les 15 membres du Conseil de sécurité, s'articule essentiellement autour du processus politique et le dispositif de sécurité. Ce dernier consiste à la formation des forces maliennes, déploiement de la Misma sous conduite africaine, appui international, droits de l'homme et le financement de ces troupes. Le Conseil de sécurité accorde une place prépondérante au processus politique. Il exhortera, dans ce sillage, les autorités maliennes «à établir, en tenant un dialogue politique large et ouvert, une feuille de route pour la transition, et à rétablir pleinement l'ordre constitutionnel et l'unité nationale, en tenant dans des conditions pacifiques des élections présidentielles et législatives, crédibles et sans exclusive d'ici à avril 2013». La résolution «exige que les groupes rebelles, maliens rompent tout lien avec des organisations terroristes, en particulier avec Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) et le Mouvement pour l'Unicité et le Jihad en Afrique de l'Ouest (Mujao)». Le Conseil de sécurité a demandé, dans ce sillage, aux autorités de transition maliennes «de mettre en place rapidement un cadre de référence crédible pour les négociations avec toutes les parties se trouvant dans le nord du pays qui ont rompu tout lien avec une organisation terroriste, tout particulièrement avec Aqmi et avec les groupes y affiliés, dont le Mujao, et qui acceptent sans conditions l'unité et l'intégrité territoriale de l'Etat malien, dans le but de répondre aux préoccupations de longue date des populations du nord du pays». Le Secrétaire général de l'ONU est instruit, dans, ce sillage, à «prendre les mesures voulues pour aider les autorités de transition maliennes à renforcer leurs capacités de médiation et pour faciliter et intensifier le dialogue». Aussi, la résolution a condamné vigoureusement les enlèvements et les prises d'otage perpétrés par Al-Qaïda au Mali et dans toute la région du Sahel «comme moyen de recueillir des fonds ou d'obtenir des concessions politiques». Pour ce qui concerne le dispositif de sécurité, le Conseil autorise le déploiement de la Misma, actuellement en gestation, mais en la chargeant de prendre toutes mesures utiles pour aider à reconstituer la capacité des forces de défense et de sécurité maliennes et pour aider les autorités de Bamako à reprendre les zones du nord de son territoire «en prenant, en même temps, des mesures susceptibles de réduire les effets des opérations militaires sur la population civile». Ces actions, stipule le texte, devront se faire «dans le respect du droit international, humanitaire et des droits de l'homme, et dans le respect le plus total de la souveraineté, de l'intégrité territoriale et de l'unité du Mali». En vertu de ce texte, l'Union africaine devra faire rapport au Conseil, tous les deux mois, sur le déploiement et les activités de la Misma, y compris avant le lancement de l'offensive dans le nord du pays. Le Conseil souligne que «la planification militaire devra continuer à être affinée avant le lancement des offensives» et prie le secrétaire général de «confirmer à l'avance que l'offensive prévue est à sa satisfaction». En matière de financement, il a demandé à Ban Ki-moon de créer un fonds d'affectation spécial auquel les pays pourront verser des contributions destinées à la Misma ou à la formation et à l'équipement des forces de défense et de sécurité maliennes ainsi qu'à la tenue d'une conférence des donateurs. Après l'adoption de la résolution, le ministre malien des Affaires étrangères, M. Tieman Hubert Coulibaly, qui a assisté à la réunion du Conseil de sécurité, a réaffirmé la détermination de son gouvernement à poursuivre, sous l'égide du médiateur de la Cédéao, les discussions amorcées avec les groupes rebelles, maliens qui ont décidé de rompre tout lien avec Aqmi, le Mujao et les groupes rebelles et extrémistes qui leur sont affiliés. Il est à rappeler qu'à la veille de l'adoption de cette résolution, M. Ban Ki-moon avait déclaré, lors d'une conférence de presse, qu'il fallait «mener de façon sérieuse un dialogue et des négociations, même si on prépare avec attention des options militaires» au Mali. Pour sa part, le secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires politiques, Jeffrey Feltman, a, également, insisté sur la nécessité de poursuivre les pourparlers avec les groupes armés du nord du pays qui n'entretiennent plus de liens avec les organisations terroristes. Il précisera qu'une intervention militaire «mûrement réfléchie et bien exécutée dans le nord ne devrait être lancée qu'en dernier recours».