Le Secrétaire général adjoint de l'ONU aux Affaires politiques, Jeffrey Feltman, a affirmé mercredi qu'une opération militaire au Mali doit être ‘‘la solution de derniers recours'', en soutenant que ‘‘le processus politique doit rester la priorité''. Lors de sa présentation devant les membres du Conseil de sécurité le rapport du Secrétaire général de l'ONU sur la situation au Mali, M. Feltman a indiqué que le chef de l'ONU partageait pleinement le sentiment des pays de la région quant à l'urgence de répondre à la crise au Mali, marquée notamment par la détérioration massive de la situation humanitaire et sécuritaire dans le nord du pays. Dans ce sens, il a plaidé pour que la réponse internationale soit ‘‘multidimensionnelle et bien préparée''. Cependant, a-t-il insisté, ‘‘une opération militaire devrait être la solution de derniers recours afin de répondre aux éléments les plus extrémistes dans le nord du pays et restaurer l'intégrité territoriale du Mali''. M. Feltman a ajouté que les experts des Nations Unies travaillaient étroitement avec les autorités maliennes, la CEDEAO et l'Union africaine pour le développement du cadre opérationnel stratégique de la force projetée, la Mission internationale de soutien au Mali (MISMA), sous conduite africaine. Néanmoins, il a insisté sur les questions en suspens relatives au financement, au leadership et à l'équipement de ladite force. ‘‘Si le Conseil de sécurité décide d'autoriser le déploiement de la MISMA, toutes les opérations envisagées devront être bien planifiées, coordonnées et mises en £uvre'', a avisé M. Feltman. ‘‘La MISMA et les forces maliennes devront être dotées des capacités suffisantes pour mener les opérations contre les groupes terroristes et affiliés dans le nord du Mali'', a-t-il averti, en mettant en exergue l'appui logistique et financier important que devront fournir, dans ce cas, les partenaires internationaux. Abordant la question du financement de la MISMA, M. Feltman a indiqué que les Nations Unies n'avaient qu'une capacité limitée pour fournir un soutien logistique à court terme à une force de combat. ‘‘De telles opérations devront être financées par les contributions volontaires des pays membres de l'ONU'', a-t-il avancé. Mais pour M. Feltman, ‘‘le processus politique doit rester la priorité au Mali'', ajoutant que ce processus, dirigé par les Maliens, a pour objectifs ‘‘la promotion d'un dialogue national en vue de l'élaboration d'une feuille de route, les négociations avec les groupes armés dans le nord du pays afin qu'ils renoncent à la violence et au terrorisme et les préparatifs pour la tenue de futures élections''. Selon lui, ‘‘il est crucial que les acteurs politiques clefs parviennent, dès que possible, à définir une vision unifiée et concentrent leurs efforts sur le dialogue national et les négociations avec les groupes armés''. Détaillant les efforts de l'ONU en appui de ce dialogue politique, M. Feltman a fait savoir que Ban Ki-moon avait l'intention d'établir une présence politique permanente des Nations Unies à Bamako ‘‘afin de prêter main forte à ce dialogue''. Présente à cette séance du Conseil de sécurité, la ministre des Maliens de l'extérieur et de l'intégration africaine, Mme Traoré Rokiatou Guikiné, a relevé ‘‘l'urgence à agir pour éviter que le nord du Mali ne devienne un sanctuaire permanent pour le terrorisme et la criminalité organisée''. Pour sa part, le représentant de l'Union africaine, Antonio Tete, a demandé au Conseil d'entériner le concept d'intervention et d'autoriser le déploiement de la MISMA. Même son de cloche pour le président de la Commission de la CEDEAO, Kadré Desiré Ouédraogo, qui a estimé qu'il était ‘‘vital que le Conseil de sécurité autorise le déploiement de la MISMA avant la fin de l'année 2012''. Dans son rapport adressé au Conseil de sécurité, le Secrétaire général de l'ONU avait mis en garde contre les risques d'une intervention militaire dans le nord du Mali. ‘‘Une intervention militaire mal conçue et mal exécutée dans le Nord du Mali pourrait aggraver une situation humanitaire déjà extrêmement fragile et entraîner aussi de graves violations des droits de l'homme'‘, avait-t-il souligné. L'option militaire, avait-t-il aussi mis en garde ‘‘risquerait aussi de ruiner toute chance d'une solution politique négociée à cette crise, qui reste le meilleur espoir d'assurer la stabilité à long terme au Mali'‘.