Le président égyptien Mohamed Morsi a de nouveau appelé l'opposition au dialogue pour tenter d'apaiser les vives tensions politiques dans le pays. "Comme je l'ai déjà dit, je presse chacun de s'asseoir pour discuter ensemble de ce que nous devons réaliser dans l'intérêt du pays", a déclaré M. Morsi dans un entretien paru dans le journal gouvernemental Akhkar al-Youm de samedi. Cet entretien est publié au lendemain d'une manifestation qui a rassemblé au Caire des dizaines de milliers de partisans de M. Morsi, venus pour une démonstration de force avant les rassemblements de l'opposition. Une campagne anti-Morsi intitulée Tamarod (rébellion) appelle à manifester en masse devant le palais présidentiel le 30 juin, premier anniversaire de l'investiture du chef de l'Etat, pour réclamer sa démission et une élection présidentielle anticipée. Dans son entretien, M. Morsi promet d'œuvrer à la tenue rapide d'élections législatives, prévues en principe avant la fin de l'année mais dont la date exacte n'est toujours pas connue. "Je vais poursuivre mes contact et pourrais accélérer la tenue des élections législatives" pour renouveler la chambre des députés dissoute l'an dernier peu avant sa prise de pouvoir, a-t-il dit. Tout en affirmant que les appels à manifester contre lui le 30 juin "reflètent l'atmosphère de liberté qui prévaut depuis la révolution" de 2011, il dénonce le risque de faire le jeu des partisans de l'ancien régime "qui veulent revenir au passé parce que la révolution a porté atteinte à leurs intérêts". Le peuple "doit arrêter les plans maléfiques (des milieux proches de l'ancien régime) qui ne veulent ni le calme ni la stabilité de l'Egypte", a-t-il ajouté. Les adversaires de M. Morsi dénoncent la volonté du mouvement dont il est issu, les Frères musulmans, de contrôler tous les leviers du pays et de chercher à imposer son idéologie islamiste à la société. M. Morsi est également accusé de ne pas parvenir à sortir le pays de la grave crise économique qu'il traverse. Ses partisans en revanche soulignent qu'il dispose d'une légitimité acquise par un vote démocratique, et accusent l'opposition de faire de jeu de la "contre-révolution" en cherchant à le renverser par la rue et à l'empêcher de remplacer certains officiels accusés d'être issus de l'ère Moubarak.