Le président égyptien Mohamed Morsi a remplacé, dimanche soir, dix-sept des vingt-sept gouverneurs, en nommant sept membres des Frères musulmans, dont il est issu, et six militaires. Il a désigné un responsable d'un groupe islamiste radical comme gouverneur de Louxor. Il s'agit de Adel al-Khayyat, un responsable du Parti de la construction et du développement, la branche politique de la Gamaâ Islamiya. Le vaste mouvement de nominations a également touché les gouverneurs d'Alexandrie, la deuxième ville du pays, et de Port-Saïd, la ville qui a connu depuis deux ans de nombreux troubles politico sportifs. En septembre, M. Morsi avait remplacé dix gouverneurs, nommant cinq islamistes à ces postes de responsabilité autrefois quasi-exclusivement réservés à des membres de l'armée ou des services de sécurité. Ainsi, il a renforcé la présence du camp présidentiel au sein de l'organisation administrative et sécuritaire du pays. Son pouvoir est déjà important au sein des institutions législatives et exécutives. Les journaux d'opposition n'ont pas manqué de commenter les nouvelles nominations. Al-Masri Al-Yom a estimé que c'est le signe d'une poursuite de la « frérisation » de l'Etat et un « défi » à la manifestation prévue à la fin du mois de juin par la campagne « Tamarrod » pour réclamer le départ du président. Les responsables de cette initiative affirment avoir réuni des millions de signatures en faveur d'une présidentielle anticipée et appellent les Egyptiens à venir nombreux manifester devant le palais présidentiel, le 30 juin, date qui marquera le premier anniversaire de l'investiture de M. Morsi. Au cours d'un rassemblement, il a averti, samedi soir, qu'il agirait « avec détermination » face à « ceux qui pensent qu'ils peuvent détruire la stabilité ». Il les a qualifiés de « partisans et de vestiges de l'ancien régime ». Il les accuse de tenter de le renverser après avoir été battus aux élections. Mohamed El-Baradei, prix Nobel de la paix, a qualifié, dimanche, le régime de « surréel et d'absurde ». Devant un groupe d'écrivains, de réalisateurs et d'employés d'opéra en grève, il a déclaré que les opposants espèrent voir Morsi quitter le pouvoir.