Le phénomène de trafic de drogue prend une proportion inquiétante en Algérie, au regard des quantités saisies dans les derniers mois à travers le territoire national, notamment sur la bande frontalière ouest. Les méthodes adoptées par les réseaux internationaux de narcotrafiquants, qui feront l'objet de débats à l'ordre du jour de la 22ème conférence régionale africaine d'interpol dont l'ouverture des travaux est prévue mardi à Oran, renseignent sur l'importance des dispositifs de lutte contre ce phénomène qu'entreprennent les corps de sécurité algériens compétents. Devant le continuel changement de tactiques des réseaux de trafic de drogue, les services de sécurité (Gendarmerie et Sûreté nationales et Douanes) redoublent de vigilance et adoptent des moyens et des méthodes modernes pour mettre en échec leurs desseins et leurs tentatives d'introduction de la drogue sur le territoire national, comme le démontre le bilan des activités du dernier semestre de lutte contre les stupéfiants. L'Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie (ONLCDT) a fait part dernièrement de la saisie de plus de 78 tonnes de kif traité durant cette période, soit une augmentation de 9 pc par rapport au premier semestre 2012. Le rapport établi par l'ONLCDT sur ce sujet atteste que des mises en échec de tentatives d'introduction de drogue (kif) à travers la bande frontalière ouest et d'écoulement de ces marchandises prohibées sont opérées quotidiennement, ce qui laisse supposer que les activités des réseaux de narcotrafiquants sont régulières et planifiées. Les données, recueillies auprès des commandements de la Gendarmerie nationale concernant les activités des unités de garde-frontières, indiquent que de nombreux véhicules portant des plaques d'immatriculation de pays maghrébins et européens ont été interceptés dans de vaines tentatives d'introduction de la drogue à travers la bande frontalière ouest, ce qui démontre l'ampleur internationale que prend ce phénomène. Les réseaux de trafiquants se voient contraintes de changer leurs plans et leurs tactiques devant l'intensification des moyens et des activités de contrôle et de surveillance des frontières, allant jusqu'à s'aventurer et de manière inhabituelle à introduire de très grandes quantités dans une seule opération pour rattraper les pertes subies suite à la vigilance des garde-frontières, et même utiliser les baudets et la voie maritime. Il s'avère du constat de cheminement de la drogue (kif) que l'Algérie est retenue par les narcotrafiquants comme terre de transit vers le flanc-est de l'Afrique du nord et la rive nord de la Méditerranée, en plus de la tentative d'y créer un marché à travers son territoire et l'inonder, comme le confirme les saisies opérées dans des voitures lors d'embarquements sur des navires en partance vers l'Europe à partir du port d'Oran. Sur un autre registre, la vigilance des services de sécurité et l'efficacité de leurs dispositifs ont permis de mettre en échec des tentatives d'introduction au territoire national d'autres substances stupéfiantes plus dangereuses telles que la cocaïne et l'héroïne, par voies aérienne et maritime. Dans leur lutte contre le trafic de drogue, les instances concernées conçoivent une vision globale qui prend en considération les liens entre ce phénomène et les crimes organisés dont le terrorisme, le trafic d'armes et le blanchiment d'argent. Dans une déclaration récente, le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, avait exprimé les préoccupations des autorités algériennes vis à vis du trafic de drogue, soulignant que "l'Algérie est quasiment ciblée" par ce phénomène qui prend une dimension inquiétante à l'heure actuelle et que l'Algérie appelle dans ce sens à une coopération internationale en matière de lutte contre ce fléau.