La lutte armée pour l'indépendance de l'Algérie était "unique en son genre", du fait qu'elle n'était pas seulement une guerre mais une révolution ayant "bouleversé l'ordre colonial" en Algérie, a affirmé l'historien Daho Djerbal. La lutte de libération nationale était "unique en son genre et plus qu'une guerre, il s'agissait d'une révolution qui a bouleversé l'ordre colonial établi, dés lors qu'elle a contraint les Français à quitter l'Algérie après près d'un siècle et demi de présence", a soutenu M. Djerbal dans un entretien accordé à l'APS, à l'occasion de la commémoration du 59e anniversaire du déclenchement de la lutte armée (1er novembre 1954). "De toutes les colonies françaises et britanniques et autres du 19ème siècle, l'Algérie est la seule, à l'exception de l'Afrique du sud, où il y avait une communauté française et européenne qui occupait l'Algérie, avec l'intention d'y rester indéfiniment et d'en faire un morceau de la France plus française que la France, donc de franciser l'Algérie", a encore souligné l'historien. Il a ajouté, à ce propos, qu'il ne s'agissait pas uniquement de "mettre fin" à la présence administrative d'une communauté française et européenne, mais surtout de vaincre le système colonial par ceux que celui-ci considérait comme étant des rien et sans droits, et qui allaient devenir des citoyens d'un Etat libre". C'est en cela, fait observer l'historien, que réside la différence entre une guerre et une révolution, dans le sens, a-t-il expliqué, où la guerre est "un combat entre deux armées avec un vainqueur et un vaincu" alors qu"'il ne serait pas exagéré de parler d'une révolution faite par des khemass, par des gens qui n'avaient accès ni à l'école ni aux produits de première nécessité". "Il faut imaginer les sacrifices lors de notre révolution par nos parents et grands-parents. Cela, il faut le voir et le savoir pour réaliser la nature du système colonial", a-t-il souligné à ce propos. Estimant que la révolution algérienne est "différente" de celle menée par le peuple vietnamien contre l'occupant français s'agissant du contexte et des considérations historiques et politiques, Daho Djerbal note également la différence en termes de distance géographique séparant l'Algérie et le Vietnam de la métropole. "Au temps T, les forces françaises mobilisées pouvaient débarquer pour intervenir dans n'importe quelle partie du territoire", a-t-il dit, avant d'évoquer une "omniprésence" de l'administration civile, militaire et policière de la France en Algérie. "C'est pour cela qu'une lutte de libération dans ces conditions est quelque chose d'absolument exceptionnel. C'est la seule lutte de libération qui a eu lieu aux portes de la France et qui a été menée sur le territoire de la métropole", a ajouté l'historien et également directeur de la revue Naqd. Citant l'exception de l'Irlande dont le FLN "a puisé certains principes et méthodes de combat", il a noté que cette réalité n'est pas "très connue" bien qu'il y ait eu, a-t-il précisé, "une influence irlandaise dans la lutte de libération nationale" laquelle a révélé au monde entier "le génie" du peuple algérien.