Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.
« Un témoignage sur l'apport des émigrés à la révolution », affirme Daho Djerbal Un livre, un auteur - « L'Organisation spéciale de la Fédération de France du FLN »
Daho Djerbal a longuement parlé, dans l'après-midi de mardi dernier à la librairie Chihab, de son livre consacré à l'organisation spéciale de la Fédération de France du FLN. L'historien a affirmé que le FLN a organisé la population émigrée pour mener une lutte armée sur le territoire de l'une des plus grandes puissances militaires de cette époque-là. Cette nouvelle forme de lutte, selon lui, est une première dans les annales des mouvements des indépendances. Sur ce plan, il a estimé que le Front a atteint ses objectifs. M. Djerbal, qui s'est appuyé sur des archives privées auxquelles il ajoute des témoignages de certains acteurs, a indiqué que ce livre restitue la parole des principaux acteurs qui, par leurs témoignages, apportent des éclairages sur le rôle des Algériens de France à la guerre d'Algérie. M. Djerbal a fait savoir que les émigrés ont subi les conséquences aussi bien positives que négatives dès l'ouverture du front de lutte sur le territoire français. Durant la guerre de Libération, a-t-il fait savoir, les trois cent mille ouvriers algériens de France ont participé à l'effort de la guerre. Grâce à leurs cotisations mensuelles qu'entre trois cent et cinq cent millions de francs sont versés aux caisses du Front pour le financement de la guerre. L'historien, qui a mis en exergue le rôle important des émigrés durant la révolution, a reconnu que jusqu'à présent, on a parlé uniquement des grandes figures de la guerre de Libération, mais pas ou peu des Algériens qui étaient à la base et qui ont fait face à la mort. « Je me suis mis à la disposition des algériens anonymes qui ont participé directement ou indirectement au combat libérateur pour parler de leur engagement et de leur contribution à l'indépendance », a-t-il soutenu, avant de souligner le préjugé qui pèse sur l'émigration. Daho Djerbal affirme par ailleurs que beaucoup d'acteurs de libération, mais aussi d'apprentis historiens se sont mis à recueillir des mémoires pour écrire sur la guerre, alors ce travail doit être mené par des spécialistes en la matière. En tant qu'historien, il estime que le fait mémoriel est aléatoire, que la question mémorielle est délicate, aussi, insiste-t-il, est-il nécessaire de lui appliquer un croisement d'archives et une méthodologie rigoureuse. Autre difficulté liée à l'écriture de l'histoire, l'accès aux archives. Daho Djerbal a regretté, sur ce point précis, le fait que les personnes installées aux archives fonctionnent comme s'il s'agit d'un bien privé. « Beaucoup de mes étudiants qui préparent le master ou le doctorat viennent parfois, si ce n'est souvent, du fin fond du pays pour consulter les archives dans le cadre de leurs thèses et retournent chez eux sans les avoir consultées », a-t-il constaté. En ce qui concerne l'écriture de notre histoire commune avec l'ancien colonisateur, l'historien a précisé que « nous n'avons rien à voir avec la France, parce que nous sommes un pays indépendant depuis cinquante ans ». Et d'ajouter : « Occupons-nous d'abord de nos archives, avant de nous occuper des archives algériennes qui se trouvent chez l'ancien pays colonisateur ».