Alger montre beaucoup de lacunes en matière de gestion et de collecte des ordures ménagères au vu des déchets qui jonchent ses rues, en dépit des campagnes de nettoyage menées récemment dans plusieurs de ses quartiers, a constaté l'APS. Plusieurs ruelles et artères d'Alger ont perdu de leur esthétique, en raison des amas de déchets qui jonchent les trottoirs, notamment dans les zones abritant des marchés anarchiques, comme El Harrach (Boumaati), Bab Ezzouar (marché Dubaï et El Djorf), Bab el Oued, Bouzaréah, l'Eucalyptus et Baraki où l'insalubrité fait désormais partie du décor, entraînant la prolifération d'insectes, de rats et chiens errants en quête de nourriture. Au quartier des cent logements de "Bouhamam" Bouzaréah, les habitants ont indiqué à l'APS que "les déchets ménagers n'ont pas été collectés depuis plus d'une semaine", engendrant "des points noirs nocifs pour la santé et l'environnement", exhortant les autorités concernées à intervenir pour pallier cette situation. A Bab Ezzouar, les marchés anarchiques sont la principale cause du cumul des ordures dans les rues et les espaces verts notamment dans les cités Sorecal et El Djorf. L'entreprise de collecte et d'enlèvement des déchets domestiques de la wilaya d'Alger NETCOM a consacré, à cette zone en particulier, 43 camions et mobilisé 300 agents d'entretien, selon un agent de cette entreprise qui a estimé la quantité d'ordures collectées au quotidien dans les quartiers de cette commune à 350 tonnes. Vulgarisation de l'utilisation des grandes bennes pour la collecte et de tri des ordures Dans ce sens, Houria Oulebsir, membre du comité de santé, de l'hygiène et de l'environnement à l'Assemblée populaire de la wilaya (APW) d'Alger a insisté dans une déclaration à l'APS sur la nécessité "d'installer au niveau des quartiers et agglomérations de bennes gigantesques" pour la collecte et le tri des déchets. Mme Oulebsir a évoqué le projet pilote lancé au niveau du quartier Dely Brahim où des bennes jaunes ont été installées pour la collecte des déchets secs et d'autres vertes pour ceux humides. La même responsable a souligné l'importance de la nouvelle entreprise "EXTRANET" créée en avril dernier pour compléter le rôle de "Netcom", créée en 1995, pour assurer l'assainissement de 29 communes sur 57 au niveau de la wilaya. Elle a, dans ce sens, mis l'accent sur le rôle de cette nouvelle entreprise qui prendra en charge "28 autres communes", ajoutant que la wilaya a consacré 3 milliards 600 millions DA de son budget au soutien de toutes les entreprises spécialisées dans la gestion et la collecte des ordures ménagères. L'entreprise "extranet" qui sera opérationnelle début janvier 2014 va employer 2600 agents qui travaillaient dans différentes communes de la wilaya. Elle a, en outre, souligné la nécessité de créer de nouveaux Centres d'enfouissement technique (CET) qui respectent toutes les normes de tri sélectif des déchets, rappelant que le CET de Hamissi "Maalma", ouvert récemment reçoit actuellement 100 tonnes d'ordures sur un total 3500 tonnes/jour collectées dans toutes les communes de la wilaya. Elle a également préconisé de créer des unités pour le traitement et le tri des ordures en plastique, en papier, en carton ou en verre, indiquant que l'entreprise spécialisée dans la gestion des centres de tri et d'enfouissement technique "EGCTAL", créée récemment par la wilaya veille au tri sélectif des ordures au niveau du centre de Hamissi. Le rôle de Netcom consiste à collecter les déchets et à assainir la ville Nassima Yaakoubi, responsable technique à Netcom, estime, quant à elle, que "la dégradation de l'environnement à Alger est le résultat des attitudes des habitants qui ne respectent pas les horaires fixées pour le dépôt des ordures (21h)". Plusieurs habitants ne mettent pas leurs ordures dans les bacs, a-t-elle indiqué, soulignant l'acquisition de plus de 35.000 bacs depuis 2004. Cependant, la majorité de ces bacs, dont le prix varie entre 7000 et 35.000 DA sont volés ou saccagés, a constaté l'APS dans plusieurs quartiers de la capitale. Netcom mobilise au quotidien une moyenne de 5500 agents et 350 camions poubelles pour le transport des déchets au centre d'enfouissement technique d'Ouled Fayet. Mme Yaakoubi a estimé la quantité d'ordures collectée quotidiennement dans 29 communes à 2000 tonnes/jour, avec une hausse de 40 % pendant le mois de Ramadhan et les fêtes de l'Aïd. Elle a estimé à "205 le nombre de points noirs qui disparaissent parfois mais sont vite ressuscités par le manque de civisme de certains citoyens et commerçants des marchés de gros". Pour sa part, Nacer Djabi, sociologue a appelé toutes les autorités concernées à contribuer aux opérations de sensibilisation, visant à ancrer la culture de l'éducation environnementale chez les générations montantes. Il a indiqué que le citoyen algérien "respecte les règles d'hygiène lorsqu'il voyage et chez lui, mais il jette ses ordures ménagères dans la rue, car il s'est habitué à le faire par insouciance", ajoutant néanmoins que "l'acquisition d'une éducation et d'une culture environnementale n'est qu'une question de temps". Un médecin spécialiste des maladies respiratoires au CHU de Beni Messous a quant à elle, appelé à pallier la dégradation de l'environnement, à travers l'amélioration des moyens de collecte et de tri des ordures ménagères, imputant la prolifération de certaines maladies dermatologiques et respiratoires, comme les allergies et l'asthme, à la pollution due à l'amoncellement des ordures dans les rues et sur les trottoirs.