Des experts en aide humanitaire d'urgence ont mis en garde lundi contre une répétition, aux Philippines ravagées par le typhon Haiyan, des erreurs commises après le tsunami dans l'Océan indien, qui avait fait 220.000 morts en 2004. Il est "fondamental d'octroyer des dons de façon réfléchie et prudente", a estimé Paul Arbon, directeur du Torrens Resilience Institute, un centre de recherche australien sur l'aide d'urgence. Dans ces contextes difficiles, "la bonne volonté qui se manifeste un peu partout dans le monde produit un afflux ingérable de toutes sortes de biens dans les zones sinistrées et cela crée des points de congestion dans les ports et les aéroports qui entravent une aide plus ciblée", a-t-il expliqué. Des pays et des organisations humanitaires ont commencé à envoyer des secours aux Philippines dont certaines régions du centre ont été dévastées par le typhon Haiyan. Selon les autorités le bilan des victimes pourrait dépasser les 10.000 morts. "Atteindre les zones les plus touchées est très difficile. Nous travaillons 24 heures sur 24", a déclaré le représentant aux Philippines de l'Unicef (agence onusienne), Tomoo Hozumi. Pour le chef de la Croix-Rouge australienne, Robert Tickner, qui déplore "un bilan humain horrible", il est préférable de faire des dons en argent plutôt que d'envoyer des biens matériels. "Il est préférable d'acheter sur place, pour stimuler l'économie locale", a-t-il fait valoir. A Tacloban, sur l'île de Leyte, les rescapés n'ont plus accès à l'eau potable et les magasins d'alimentation sont vides. Les pillages s'intensifient d ns un décor d'apocalypse où les corps putrescents des victimes jonchent les rues encombrées de débris. L'urgence passée, il faut également bien évaluer les besoins en reconstruction, soulignent les spécialistes. "Ce sont toujours les populations les plus vulnérables qui supportent l'essentiel de ces terribles calamités naturelles", a relevé Martin Mulligan, un chercheur chargé de projet à l'agence australienne d'aide au développement, AusAID. Or "je ne suis pas convaincu que les professionnels des opérations d'urgence aient tiré les leçons (du tsunami de 2004) sur la reconstruction des zones dévastées", a-t-il dit. "L'aide d'urgence après le tsunami a été impressionnante mais de nombreuses erreurs ont été commises dans l'allocation de l'aide pour la reconstruction sociale à long terme", a-t-il encore estimé. Les secours éprouvaient les pires difficultés lundi pour acheminer de l'aide au centre des Philippines, ravagées par un des typhons les plus puissants à avoir touché terre, avec des vents dépassant les 300 km/heure et une succession de vagues géantes qui ont détruit des zones entières, notamment sur les îles de Leyte et Samar.