Le ministre libyen de la Défense Abdallah al-Theni assure désormais l'intérim au poste de Premier ministre en attendant la nomination d'un nouveau chef du gouvernement, alors que les efforts se poursuivaient mercredi pour régler la crise autour des sites pétroliers dans l'est du pays. Peu après la destitution mardi par le Congrès général national (CGN, Parlement) du chef du gouvernement Ali Zeidan, Abdallah al-Theni a prêté serment en tant que Premier ministre provisoire devant le CGN qui l'a chargé d'assurer l'intérim jusqu'à la nomination d'un nouveau chef de gouvernement dans un délai de deux semaines, selon l'agence de presse officielle WAL. Quant au sort d'Ali Zeidan, il aurait quitté la Libye à bord d'un avion privé peu avant que le procureur général eut émis une interdiction de voyage à son encontre, d'après des médias libyens. Pour le moment aucune information na été donnée sur la destination d'Ali Zeidan. Le Premier ministre maltais Joseph Muscata a indiqué que l'avion privé transportant l'ex-chef du gouvernement libyen a fait escale à Malte."L'avion s'est arrêté à Malte pendant deux heures le temps de se ravitailler avant de repartir vers un autre pays européen", a-t-il dit à la presse mercredi. Selon un document publié sur la page Facebook du bureau procureur général, M. Zeidan a été interdit de voyager en raison de son implication présumée dans une affaire de détournement d'argent public. Selon le document, M. Zeidan est soupçonné d'implication dans une affaire de chèques donnés à des protestataires qui bloquaient des sites pétroliers dans l'est du pays, en contrepartie de la levée du blocage. -Vers la levée du blocage sur les ports pétroliers- Au lendemain de l'éviction d'Ali Zeidan, des forces mandatées par le parlement libyen progressaient mercredi vers l'Est du pays pour "libérer" des terminaux pétroliers bloqués depuis des mois par des rebelles autonomistes, selon des sources concordantes. Le président du CGN, Nouri Abou Sahmein, qui est aussi chef des forces armées libyennes, avait décidé lundi de "la formation d'une force armée pour libérer et lever le blocage sur les ports pétroliers". Selon cette décision, les forces en question devaient être composées d'unités de l'armée libyenne et des ex-rebelles qui avaient combattu le régime de Maammar El-Gueddafi en 2011. Le Bouclier de Libye centre, une milice d'ex-rebelles essentiellement de la ville de Misrata (ouest), a été la première force à progresser vers la ville de Syrte, plus à l'est, où elle a pris position mardi soir. Des rebelles de la Cyrénaïque, la région orientale, qui bloquaient depuis juillet les ports pétroliers et qui étaient positionnés à Syrte ont dû se retirer de la ville, selon une source au sein de la "Force de défense de la Cyrénaïque", bras armé des rebelles. Des hommes armés, qui faisaient partie des gardes des installations pétrolières libyennes, se sont rebellés contre les autorités de transition et bloquent les terminaux depuis juillet pour réclamer l'autonomie de la région orientale de la Libye. Ces autonomistes avaient déjà annoncé en août la formation d'un gouvernement local et la création d'une banque et d'une compagnie de pétrole fédérales. Le week-end dernier, ils ont défié encore une fois les autorités en chargeant du pétrole sur un pétrolier battant pavillon nord-coréen. Arraisonné dans un premier temps par les autorités, le navire a pu s'échapper lundi à son escorte, ce qui a poussé le Parlement à limoger Ali Zeidan lui reprochant de n'avoir pas résolu une crise pétrolière qui dure depuis la fermeture, depuis plusieurs mois, des principaux ports pétroliers par des protestataires.