Des centaines de personnes, parmi lesquelles des proches, des amis, des personnalités politiques et associatives, ont accompagné, vendredi à Paris, à sa dernière demeure l'historien Jean-Luc Einaudi, décédé le 22 mars dernier à l'âge de 62 ans des suites d'une longue maladie, a-t-on constaté. Devant le crématorium du cimetière du Père Lachaise, sa fille Elsa et sa veuve Christine, recevaient, en pleurs, les condoléances de ceux qui ont eu (ou pas) à côtoyer le militant infatigable pour la vérité sur les massacres de centaines d'Algériens le 17 octobre 1961 à Paris. Dans la foule compacte, l'on pouvait notamment remarquer la présence de l'ambassadeur d'Algérie en France, Amar Bendjemaa, de chefs de postes consulaires algériens en Ile-de-France, l'éditeur Nils Anderson, le co-fondateur de Médiapart, Edwy Plenel, des historiens et universitaires à l'image de René Galissot et Gilles Manceron, ainsi que des représentants du mouvement associatif ayant surtout £uvré pour la Mémoire de la Guerre d'Algérie. Feu Jean-Luc avait porté de nombreux combats sur le terrain de la vérité des massacres du 17 octobre 1961 à Paris. Il est l'auteur, entre autres ouvrages ayant fait sa notoriété, de "La bataille de Paris- 17 octobre 1961". Ce 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l'indépendance ont été tués lors d'une sanglante répression dirigée par le préfet Maurice Papon. Il avait animé, à de très nombreuses reprises, des rencontres sur le devoir de mémoire des victimes de ce crime d'Etat. Le monde, et les Algériens tout particulièrement, retiendront surtout de lui son témoignage paru, le 20 mai 1998, dans le journal Le Monde "En octobre 1961, il y eut à Paris un massacre perpétré par des forces de police agissant sous les ordres de Maurice Papon". En juillet 1998, le préfet de sinistre mémoire Papon porte plainte pour diffamation envers un fonctionnaire public. Le 26 mars 1999, il est débouté de sa plainte et l'historien relaxé au bénéfice de la bonne foi.