L'économiste et expert international, Mustapha Mekideche, s'est prononcé lundi à Constantine en faveur d'une "redéfinition" du rôle de l'Etat dans le domaine économique afin qu'il puisse jouer "son rôle de régulateur et d'être de moins en moins gestionnaire". M. Mekideche qui s'exprimait à l'ouverture du colloque international sur "L'administration publique en Algérie, entre les impératifs de la modernisation et les défis de l'évaluation, regards croisés sur les bonnes pratiques internationales", a affirmé que "la réforme de l'administration est tributaire directement de la réforme de l'Etat qui a fait défaut pour faire aboutir les premières grandes réformes économiques lancées après 1988". Auteur d'un livre récent, intitulé "L'économie algérienne à la croisée des chemins", M. Mekideche qui a intitulé sa communication "A propos de la gouvernance publique en Algérie (1988 - 2014) : sur quoi bute la nécessaire réforme de l'Etat?", a expliqué que les "constitutions de rupture de février 1989 et de 1996", n'avaient pas levé certaines ambiguïtés pour favoriser l'émergence d'une administration efficace et d'un secteur privé performant. Pour le conférencier, cette carence était à l'origine d'une transition économique et institutionnelle inachevée qui s'était noyée dans la généralisation de l'économie informelle, ajoutant que celle-ci perdure "sans donner de capitaines d'industrie". Dans son analyse des retards accumulés dans la mise en place d'une économie de marché régulée dans une situation de bonne gouvernance, M. Mekideche a fait état de deux périodes, "de 1988 à 2000, au cours de laquelle 360.000 emplois ont été détruits, des milliers d'entreprises dissoutes, les systèmes de santé et d'éducation en crise, le marché informel se développe". Selon le même intervenant, la deuxième période s'ouvre en 2000 "sur fond d'amélioration progressive des capacités financières d'intervention budgétaire de l'Etat (...) ", ajoutant que "pour suggérer des pistes de sortie de crise, l'instauration d'un nouveau régime de croissance et le passage vers une économie productive diversifiée inscrite dans la mondialisation, il faut produire une redéfinition du rôle de l'Etat, appelé à jouer son rôle de régulateur et d'être de moins en moins gestionnaire". Belmihoub Mohamed Chérif, directeur de l'école nationale supérieure du management (ENSM, Alger), a intitulé sa communication "L'administration au service de l'économie ou l'inverse ?", dans laquelle il a traité des questions liées à l'investissement des entreprises et comment les administrations publiques offrent le cadre institutionnel aux investisseurs. Cette première journée du séminaire s'est poursuivie avec la présentation de plusieurs autres communications, données par Mokhtar Lamari et Johann Jacob, respectivement du centre d'expertise et de recherche en évaluation de programme (CREXE), et de l'école nationale d'administration publique (ENAP, Québec), Rémy Trudel, Bachir Mazouz (ENAP Quebec), ainsi que d'autres intervenants algériens et étrangers. Cette rencontre, organisé avec le Laboratoire Grand Maghreb : Economie et Société de l'Université Constantine 2, le Centre de recherche et d'expertise en évaluation (CREXE), du Québec (Canada) et le Centre algérien de recherche en économie appliquée pour le développement (CREAD), se tient en présence de chercheurs venus de plusieurs universités algériennes, de France, du Canada, de Centrafrique et d'Egypte.