Le mérite de la résistance de la région du Tassili N'Ajjer, wilaya d'Ilizi, tient en partie au fait qu'elle a réussi, pendant la guerre de libération nationale, en plus de combattre le colonialisme français, à constituer un des nombreux canaux d'approvisionnement de la lutte nationale en armes, acheminées via des pays limitrophes. Occupant une position géostratégique la prédisposant à assumer cette mission, le Tassili constituait une des régions pourvoyeuses de la guerre de libération en armes et matériels de guerre via les frontières de l'Est du pays, acheminées d'Egypte et de Libye, Ghadamès notamment, avant d'être transportées par convois de chameaux vers Illizi. Selon des récits recueillis, la palmeraie du moudjahid Rouabeh Kaddour, dans la région de Debdeb (500 km au Nord d'Illizi), servait de lieu de stockage d'équipements militaires ramenés dans des caisses, avant d'être emballés dans des sacs appelés "Gherara", tissés à partir de poils et de la laine d'animaux par des moudjahidate de la région. Connaissance du désert, facteur essentiel pour le passage d'armes La moudjahida Benferdiya Zahra, veuve du moudjahid Mohamed Madoui, raconte que l'introduction, en toute sécurité, des armes en territoire national a été possible grâce à la grande connaissance des moudjahidine du terrain et des reliefs du vaste désert, citant comme exemple les moudjahidine Ali Bensaci, Mokhtar Benarouba et Mohamed Madoui, qui ont permis aux compagnons de se doter d'armes et d'en approvisionner les régions du Nord du pays, théâtres d'âpres batailles conduites par les membres de l'ALN. L'esprit alerte et très secrets concernant l'acheminement des armes, les moudjahidine, activant dans la région, ont utilisé divers procédés afin d'assurer le transport en toute sécurité des armes et des munitions. Parmi ces procédés, l'ensevelissement des armes près de leurs domiciles, dans des endroits utilisés, pour ne pas éveiller les soupçons de l'ennemi, comme lieu de prière, avant de les déterrer pour les remettre, par la suite, à des moudjahidine venus des régions d'El-Oued, El-Menea et Ouargla, tels que Ali Boughazala et Ali Benferdiya, chargés de les acheminer vers d'autres régions du Sud avant de les confier à d'autres groupes chargés de la liaison entre le Sud et le Nord du pays. Trouver d'autres issues pour l'armement de la lutte Dans le souci de garantir la confidentialité ayant entouré les multiples actions d'introduction d'armes à travers la portière libyenne, les moudjahidine du Tassili s'étaient convenus de changer d'itinéraires, cette fois-ci via les frontières avec la Tunisie, notamment le Sahara de "Remada" (Tunisie), pour rallier ensuite la région d'El-Oued, et affecter par la suite ces armes aux différentes régions du pays, a rappelé Mme Zahra. Le moudjahid Ahmed Bensebgag, alias Bouderaâ, 86 ans, habitant de Djanet, a, de son coté, narré que sa mission, en compagnie du moudjahid Mohamed El-Wahrani, consistait en le transport d'armes, à bords de véhicules, à partir d'Alexandrie (Egypte), puis via la Tunisie, pour les mettre aux mains des moudjahidine de l'ALN. De louables efforts pour la préservation de la mémoire nationale Concernant la grande mission d'acheminement d'armes assurée par le Tassili N'Ajjer durant la guerre de libération nationale, le directeur des moudjahidine (ONM) de la wilaya d'Illizi, Salah Gueddi, a réitéré que l'instance qu'il représente oeuvre à l'écriture et l'enregistrement, sur support audiovisuel, en coordination avec le musée des Moudjahid, des témoignages vivants sur le transport d'armes à partir des régions de Debdeb, Tarat et Djanet, aux frontières avec la Libye. Répertoriant les différentes phases d'acheminement de ces armes et les contraintes rencontrées dans cette tache ardue, cette opération a permis à la région de graver son nom en Lettres d'or dans l'Histoire de la guerre de libération.