Le Nigeria a appelé à une coopération internationale contre le groupe extrémiste armé Boko Haram, qui a mené l'attaque la plus meurtrière depuis cinq ans dans le nord-est du pays faisant des centaines de morts et plusieurs milliers de réfugiés. Décrire l'attaque comme "la plus meurtrière" jamais perpétrée par Boko Haram est "assez exact", a affirmé le porte-parole du ministère de la Défense nigérian. Ce groupe ultra-radical a frappé durant le week-end passé avec une ampleur inégale le nord-est de ce pays subsaharien, plus précisément dans la ville de Baga frontalière avec le Tchad. Il a rasé 16 localités des rives du Lac Tchad. "L'attaque sur la ville (de Baga) par les éléments de Boko Haram et leurs méfaits depuis le 3 janvier 2015 devraient convaincre tous les gens bien intentionnés à travers le monde que Boko Haram représente le mal que nous devons éliminer tous ensemble, plutôt que de critiquer les personnes qui essayent de les contrer", a déclaré le porte-parole du ministère de la Défense, Chris Olukolade, dans un communiqué publié samedi. Le bilan de cette attaque contre Baga et plusieurs autres localités sur les rives du lac Tchad, dans le nord de l'Etat de Borno, n'a pas encore été indépendamment déterminé, mais pourrait s'avérer extrêmement élevé, certaines sources évoquant plusieurs centaines de morts. Amnesty International a évoqué vendredi dans un communiqué "le pire massacre" jamais perpétré par ce groupe extrémiste. Plus de 20.000 déplacés provenant de Baga et des villages alentour se trouvent dans un camp à Maiduguri, capitale de l'Etat de Borno, alors que des milliers d'autres ont pris la fuite vers le Tchad. "L'armée nigériane n'a pas abandonné Baga et les autres localités actuellement contrôlées par les terroristes", a déclaré le ministère de la Défense, commentant pour la première fois l'attaque du week-end dernier. "Des plans appropriés, des hommes, des ressources, sont actuellement mobilisés pour faire face à la situation", a-t-il ajouté. Plus d'une vingtaine de morts en deux jours Dimanche, quatre personnes ont été tuées dans deux explosions qui ont secoué un marché de Potiskum, une ville dans le nord-est du Nigeria. "Nous avons évacué à l'hôpital six corps, dont les deux des femmes kamikazes. 21 personnes ont été blessées", a affirmé une source hospitalière. Samedi, au moins deux personnes, dont un policier, ont été tuées dans l'explosion d'une voiture piégée à l'entrée d'un poste de police de cette même ville. Plus tôt dans la journée, au moins 19 personnes ont été tuées lorsqu'une bombe fixée sur une fillette d'une dizaine d'années a explosé dans un marché bondé de Maiduguri, grande ville du nord-est du Nigeria, selon la police. "Nombre de victimes: 20 morts et 18 blessés, y compris la femme kamikaze qui a déclenché la bombe artisanale", a déclaré à des journalistes le porte-parole de la police de l'Etat de Borno, Gideon Jubrin. Nécessité d'une coopération internationale Face à une telle situation de violence extrême dans le nord du Nigéria, voir même dans des pays voisins, une coopération internationale face à ce groupe armé nigérian est plus que nécessaire. Le secrétaire général de Nations unies Ban Ki-moon, s'est déclaré dimanche horrifié par la montée en puissance des actes meurtriers commis par Boko Haram dans le nord du Nigéria le week-end passé. Dans un communiqué, M. Ban a fait part de sa consternation face au rapport selon lequel des centaines de personne auraient été tuées aux environs de la ville de Baga. Il a rappelé que la situation au Nigéria figure parmi ses priorités, soulignant la volonté de l'ONU à aider le gouvernement nigérian et tous les Etats voisins touchés, comme le Cameroun, à mettre fin à la violence et à alléger les souffrances des populations civiles par tous les moyens nécessaires. En outre, M. Ban a qualifié d'"acte dépravé" l'utilisation d'enfants par le groupe terroriste pour réaliser des attentats-suicides. "Les images de ces derniers jours et tout ce qu'elles impliquent pour l'avenir du Nigéria devraient engendrer une action efficace car cela ne peut pas continuer", a dénoncé le patron du fond des Nations unies pour l'enfance (UNICEF), Anthony Lake. Les Etats-Unis, pour leur part, ont "condamné la récente escalade des attaques contre des civils", demandant à ce que leurs auteurs soient "tenus pour responsables". Boko Haram "ne montre aucun respect pour la vie humaine", et les Etats-Unis "abhorrent de telles violences, qui font payer un lourd tribut aux habitants du Nigeria et à toute la région dont le Cameroun", a déclaré le département d'Etat dans un communiqué publié vendredi. Avec les dernières attaques sur Baga, Boko Haram à pris le contrôle de nouvelles localités qui s'ajoutent à une vingtaine de villes et villages de la région près de la frontière avec le Tchad, le Niger et le Cameroun. cette situation laisse craindre un "embrassement régional". Le groupe extrémiste armé Boko Haram, apparu en 2002 dans le nord du Nigéria, est classé comme organisation terroriste par les Etats-Unis. Il est à l'origine de nombreux attentats et massacres à l'encontre du gouvernement et des populations civiles des régions où il est implanté.