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Quand certains intellectuels algériens versent dans le zemmourisme à l'insu de leur plein gré
Surrenchère
Publié dans La Nouvelle République le 09 - 04 - 2025

L'époque est à la surenchère du national-populisme, de l'ethnonationalisme. En France, ce mouvement est incarné par Zemmour, un politicien de la vingt-cinquième heure, promoteur de l'idéologie des heurts communautaires.
Eric Zemmour, agitateur xénophobe, multirécidiviste plusieurs fois condamné pour provocation à la haine raciale ou religieuse, est obsédé par l'idée d'un inéluctable combat à mort entre le peuple français «de souche» et ses ennemis de l'intérieur, qu'il désigne nommément : les Arabes et les musulmans.
Avant de conquérir le suffrage des électeurs français, Zemmour avait conquis le cœur d'un célèbre écrivain algérien, Kamel Daoud. Dans une tribune publiée dans le magazine Le Point en 2018, l'Oranais déclarait ouvertement sa flamme à Zemmour. «Le zemmourisme existe chez moi», avait-il avoué. Plaidant la cause de Zemmour, il écrivait «Il ne faut pas censurer Eric Zemmour, cet identitaire qui ne recule devant rien. Si on a peur de l'écouter, c'est qu'on a peut-être peur de le croire».
Nombreux sont les Algériens à n'avoir jamais cru Zemmour, c'est-à-dire prêter foi à ses délires identitaires. En revanche, une certaine catégorie d'intellectuels algériens n'a pas hésité à emprunter ses paradigmes essentialistes.
Certes, Eric Zemmour est, sur le plan politique et philosophique, un odieux personnage. S'il faut le combattre, c'est sur le terrain politique et philosophique. Or, nombreux sont les Algériens qui, dans une perspective essentialiste, attaquent Zemmour exclusivement sur le terrain religieux et ethnique. Ils lui dénient ses origines berbères et sa judéité algérienne ou son algérianité judaïque. En outre, Zemmour est réduit à son ethnicité et sa judéité, deux entités délibérément confondues, amalgamées, notamment par certains intellectuels algériens qui le somment, au nom de leur sectaire conception ethnico-religieuse exclusiviste, de cesser de se dire «juif berbère d'Algérie».
Au reste, Zemmour ne procède pas autrement. Il appréhende la société sous une optique ethnico-religieuse exclusiviste, à la manière des sionistes. Et l'Histoire dans une perspective de lutte de communautés ethnico-religieuses. La lutte des classes est ainsi remplacée par la lutte des races. Une vision partagée par les idéologues arabo-musulmans qui, avec leur approche essentialiste, considèrent les «arabo-musulmans» comme étant les seuls authentiques et purs algériens.
Pour rappel, l'essentialisme est «un mode de pensée selon lequel toute entité est caractérisée par un ensemble d'attributs essentiels nécessaires à son identité et à sa fonction». L'essentialisme postule que les identités sociales telles que l'ethnicité et la religion sont des caractéristiques essentielles et immuables. L'essentialisme omet délibérément l'essentiel : les facteurs historiques. Il appréhende les faits historiques par un seul paradigme : la race ou la religion. Il réduit la société à sa seule dimension ethnique ou caractéristique religieuse, occultant sa complexité et sa diversité. Son évolution. Sa transformation. Ses contradictions internes, sources d'antagonismes sociaux.
Telle est l'approche d'analyse adoptée par nombre d'intellectuels algériens, en particulier d'obédience islamique et berbériste. Une grille de lecture essentialiste. Un système de référence substantialiste. Une approche qui réduit un individu ou une collectivité à une seule de ses dimensions : religieuse et/ou ethnique. Elle postule que l'essence d'une chose précède son existence. Selon cette vision essentialiste, l'islamité serait une donnée naturelle et non une construction sociale. Un attribut identitaire inné, et donc immuable. Tout comme l'amazighité, ce nouveau concept idéologique inventé par les berbéristes, est érigée en entité ethnolinguistique inaltérable et éternelle.
Le paradoxe, c'est que Zemmour, en matière politique et historique, procède également par essentialisme. Pour Zemmour, les individus et groupes sociaux sont entièrement définis par certaines inaltérables caractéristiques essentielles : origine ethnique et appartenance religieuse. L'ethnie et la religion seraient les deux sources essentielles qui concourent à la construction de la personnalité des individus, de l'identité des groupes sociaux. Ces intellectuels algériens adoptent non seulement l'optique essentialiste zemmourienne, mais également sa rhétorique exclusiviste. C'est ainsi que certains emploient le terme «immigrés» pour qualifier les juifs d'Algérie ou, plus exactement, les Algériens de confession juive.
Ces intellectuels algériens affirment que les «immigrés juifs» installés en Algérie sont venus en Afrique du Nord, notamment en Algérie, à la suite de la destruction des temples de Jérusalem. Ils sont venus également d'Espagne après leur expulsion par le roi wisigoth Sisebut au début du VIIe siècle, ou, plus tard, lors de la Reconquista espagnole au XVe siècle.
Mieux, ils soutiennent qu'il «n'y avait pas de juifs berbères en Algérie, ni de Berbères convertis au judaïsme, car la religion juive était réservée aux migrants juifs eux-mêmes». Ils affirment il n'y a pas eu de conversion de Berbères car le rigide judaïsme rabbinique était hostile au prosélytisme.
Une chose est sûre, la thèse de ces intellectuels algériens confortent la théorie diasporique de l'homogénéité ethnique des «juifs», répandue par les sionistes.
Notamment par Eric Zemmour, le chantre de la pureté raciale, du nationalisme racial. En tout état de cause, la théorie selon laquelle tous les juifs de la Méditerranée, baptisés sépharades, descendraient génétiquement d'une communauté matrice établie sur un territoire autour de Jérusalem, est contestée par tous les historiens objectifs et sérieux, notamment israéliens. À l'apogée du judaïsme, de nombreuses et variées populations méditerranéennes s'étaient converties à cette première et unique religion monothéiste. Ces conversions massives de ces populations étaient facilitées par les similitudes culturelles et parentés linguistiques avec les communautés juives, notamment le langage, la pratique de la circoncision, l'interdiction de manger du porc, etc. Au premier siècle de notre ère, le philosophe Philon d'Alexandrie écrivait qu'un million de juifs autochtones vivaient rien qu'en Egypte, sur une population totale estimée par lui à sept millions et demi. Il y en avait également dans des zones de peuplement phénicien, notamment à Chypre, Anatolie, Libye, et bien évidemment au Maroc, Tunisie et en Algérie.
Au-delà de la vision essentialiste adoptée par ces intellectuels algériens, se pose la question du fond de la problématique soulevée.
Non seulement ces intellectuels algériens déforment l'histoire par leur affirmation de l'inexistence de populations berbères de confession juive mais, conséquemment, ils reprennent à leur compte la théorie diasporique de l'homogénéité ethnique des «juifs», qui propage le mythe selon lequel les juifs d'Afrique du Nord (comme tous les juifs du monde entier) sont les descendants directs du «peuple juif» exilé après la destruction du Second Temple de Jérusalem, en 70 après notre ère. En effet, selon les tenants de l'identité nationale ethno-religieuse sioniste propagée notamment par les médias occidentaux, «les juifs constituent un peuple-race arraché à sa patrie antique et parti errer en terre étrangère». Pour les dirigeants et intellectuels sionistes, les juifs constituent un peuple à l'origine biologique homogène, descendants d'une source «ethnique» et territoriale unique.
Or, il n'en est rien. Tous les historiens sérieux soulignent la diversité ethnique, culturelle et linguistique des adeptes de la religion judaïque, corollaire du prosélytisme longtemps en vigueur au sein des communautés hébraïques.
(A suivre…)
Khider Mesloub
Sur la problématique sioniste, qui mieux que le grand historien Shlomo Sand, dans le sillage des chercheurs post-sionistes, a su démystifier l'idéologie fondatrice de l'Etat d'Israël, le sionisme, et démythifier le dogme de l'existence du peuple juif. Par sa seule force intellectuelle subversive, sa puissante maîtrise de l'historiographie universelle, il a su, contre les vents de la corporation universitaire israélienne et contre les marées de la société civile judaïque, déconstruire scientifiquement les mythes qui peuplent l'imaginaire juif et sioniste.
La thèse centrale de Shlomo Sand est connue : il n'existe pas de peuple juif. Selon lui, l'histoire selon laquelle les juifs forment un peuple uni par une même origine, possédant une histoire commune remontant aux temps bibliques est un mythe élaboré par les sionistes au tournant des XIXe et XXe siècles. En réalité, le judaïsme «antique», tout comme l'islam plus tard, a triomphé grâce aux conversions, parfois de tribus ou clans entiers, notamment du Maghreb.
Au reste, contrairement à l'affirmation de ces intellectuels algériens selon laquelle le judaïsme en tant que religion aurait banni le prosélytisme, se considérant comme la propriété des juifs, transmis par parenté, ce basculement «rituel familial» fondé sur le matrilignage intervient tardivement, vers le IVe siècle après notre ère, avec le triomphe du christianisme. Pourchassé et banni par l'Eglise chrétienne, le judaïsme persécuté est acculé «au repli sur soi et à l'abandon du zèle missionnaire». Sinon, longtemps, durant toute l'époque antique, les juifs s'étaient adonnés avec zèle au prosélytisme. Ainsi, la transmission matrilinéaire du judaïsme est une règle instituée à une époque tardive : elle est imposée par l'interdiction des mariages mixtes décrétée par la Rome chrétienne, autrement dit au IVe siècle. Donc, la conversion au judaïsme fut longtemps admise.
Historiquement, l'expansion du judaïsme en Afrique du Nord s'explique par l'implantation de la dynamique population commerciale d'origine phénicienne, c'est-à-dire punique, depuis longtemps convertie. Selon les sources historiques, la dynastie des empereurs Sévère, originaire d'Afrique du Nord, aurait également favorisé la conversion des populations berbères au judaïsme. Le Maghreb est devenu la région du prosélytisme juif par excellence. Ainsi, pendant des siècles, l'Afrique du Nord fut peuplée de tribus juives. Comme le souligne du reste Ibn Khaldoun, dans son ouvrage Histoire des Berbères et des dynasties musulmanes de l'Afrique septentrionale : «Une partie des Berbères professait le judaïsme, religion qu'ils avaient reçue de leurs puissants voisins, les Israélites de la Syrie. Parmi les Berbères juifs, on distinguait les Djeraoua, tribu qui habitait l'Aurès et à laquelle appartenait la Kahena, femme qui fut tuée par les Arabes à l'époque des premières invasions. Les autres tribus juives étaient les Nefouça, Berbères de l'Ifriqiya, les Fendelaoua, les Medìouna, les Behloula, les Ghiatha, les Fazaz, Berbères du Maghreb Al-Aqsa. Idris Ier, descendant d'El-Hacen, étant arrivé en Maghreb, fit disparaître de ce pays jusqu'aux dernières traces des religions et mit un terme à l'indépendance de ces tribus.»
Au reste, c'est la judaïsation précoce des tribus berbères païennes, autrement dit la propagation de la croyance en un seul Dieu dès le VIIIe siècle avant notre ère, qui a préparé le terrain à la conversion «naturelle» aux deux religions monothéistes ultérieures, le christianisme, puis l'islam.
Paradoxalement, ce sont les mêmes pseudo-historiens qui affirment l'inexistence de tribus berbères converties au judaïsme, expliquant, conformément à la théorie diasporique sioniste fondée sur les idéologies ethnobiologiques et ethnoreligieuses, que les juifs d'Afrique du Nord proviennent de la Judée, qui, pour dénier l'existence du peuple juif, défendent la thèse de la conversion massive des Khazars au judaïsme, d'où sont issus les Ashkénazes.
Les juifs maghrébins seraient donc de matrice exogène (des immigrés pour reprendre la terminologie de certains intellectuels algériens). Mais les juifs européens seraient de matrice endogène (des autochtones turciques issus des steppes d'Asie centrale). Dans le cas des juifs d'Afrique du Nord, selon cette thèse essentialiste défendue également par le sionisme, l'ascendance génétique prime la conversion. Dans le cas des juifs ashkénazes, c'est la thèse, récusée par les sionistes, de la conversion qui primerait. À suivre le raisonnement de ces intellectuels algériens, les juifs ashkénazes seraient des authentiques autochtones turciques convertis au judaïsme, ce serait donc des juifs de papier. En revanche, les juifs berbères seraient, eux, d'authentiques juifs orientaux expulsés de la Palestine, venus s'établir au Maghreb, notamment en Algérie.
Autrement dit, en suivant la thèse de ces intellectuels algériens, également défendue par les sionistes tenants de l'identité nationale ethnobiologique et ethnoreligieuse, seuls l'exil et l'expulsion peuvent expliquer la présence juive au Maghreb. Les juifs d'Afrique du Nord ne sont pas des berbères mais des juifs descendants directs de la Judée. Cela conforte la thèse sioniste de l'homogénéité et de la pureté raciale juive issue de la Judée.
Globalement, autant le sioniste, au nom de sa conception racialiste (fondée sur la primauté du sang et la pureté ethnique), répugne à admettre ses origines ethniques étrangères (notamment berbères), autant la thèse défendue par ces intellectuels algériens, curieusement en congruence avec la conception islamiste contemporaine teintée d'antijudaïsme primaire très répandue dans le monde musulman, répugne à reconnaître l'attribut juif des Berbères de l'Antiquité. La thèse de ces intellectuels algériens est donc du pain béni pour l'idéologie sioniste qui, au nom de sa théorie diasporique, nie toute conversion des autres peuples (khazars, berbères) au judaïsme. Aussi les sionistes peuvent-ils soutenir que tous les juifs contemporains descendent directement de la Judée, selon leur terminologie. De ce fait, leur «foyer national naturel» est Israël, qu'ils doivent sinon repeupler, au moins soutenir.
Pour revenir à la thèse défendue par ces intellectuels algériens, selon laquelle il n'existe pas de juifs berbères en Algérie, elle est totalement fantaisiste. Prenons l'exemple des juifs désignés sous le nom de Séfarades. Hormis les sionistes tenants de l'homogénéité et de la pureté raciale des juifs d'Afrique du Nord, et les islamistes négateurs de la matrice berbère et judaïque du Maghreb, tous les historiens objectifs et sérieux admettent l'ascendance berbère et arabe des Séfarades.
Ainsi, selon les travaux de Paul Wexler, chercheur à l'université de Tel-Aviv, consacrés à l'histoire des juifs d'Espagne, l'origine non ethniquement juive des juifs séfarades est manifeste. Selon ce linguiste israélien, les juifs séfarades seraient les descendants en premier lieu des Berbères, des Arabes et d'Européens convertis au judaïsme. Certes, ces différentes communautés comptaient en leur sein des Judéens, c'est-à-dire des juifs exilés originaires de la Judée, mais en très faible proportion. Selon les conclusions de Paul Wexler, les juifs d'Espagne, aux origines «ethniques» hétérogènes, contiennent très peu d'éléments judéens. Cette thèse audacieuse démystifie et déconstruit l'idéologie sioniste qui postule l'homogénéité et la pureté raciale des juifs issus directement de la Judée. Une thèse que ces intellectuels algériens, à leur insu de plein gré, reprennent à leur compte.
Par ailleurs, il est important de rappeler qu'au lendemain de la conquête arabe au début du VIIIe siècle, ces «juifs patchwork» essaiment en Europe, notamment en Espagne, depuis l'Afrique du Nord. De même, il est utile de rappeler que Tariq Ibn Ziyad, chef militaire suprême et premier gouverneur de l'Espagne musulmane, était un Berbère originaire de la tribu judaïsée des Nefouça. Il débarque en Espagne à la tête d'une armée de sept mille soldats, rapidement accrue à vingt-cinq mille hommes, recrutés parmi les populations locales, pour certaines à peine islamisées, d'autres depuis longtemps judaïsées.
Il est de la plus haute importance de rappeler que la symbiose entre juifs et musulmans espagnols, à l'origine du développement extraordinaire de la civilisation musulmane ibérique, ne s'explique pas autrement que par leur parenté berbère. Les juifs et les musulmans espagnols appartenaient au même rameau berbère. Ils parlaient la même langue. Ils avaient la même culture. Longtemps, au sein de la même tribu, voire famille, certains se convertiront à l'islam, d'autres conserveront leur religion judaïque. On peut affirmer que les musulmans et les juifs espagnols formaient un même «peuple», partageant la même culture «arabo-berbère juive». Mieux : longtemps, juifs et musulmans ont partagé les mêmes pèlerinages communs vers des tombeaux de saints, notamment au sud du Maroc et dans l'Ouest algérien.
Ainsi, des siècles durant, les populations d'Afrique du Nord de confession judaïque et musulmane ont vécu dans la fraternité, en symbiose. Comme dans la péninsule ibérique, le judaïsme s'épanouit en Afrique du Nord. Au reste, l'islam n'a jamais considéré les juifs comme une menace politique.
Le basculement date de la colonisation française avec le «schisme national», inoculé par la France coloniale. En effet, c'est la colonisation française qui, sur le fondement de la devise «diviser pour mieux régner», séparera les juifs de leurs «frères de sang» algériens. Le Décret Crémieux de 1870 constitue la première fracture entre juifs et musulmans algériens, ou plus exactement entre Algériens de confession islamique et judaïque.
Fondamentalement, il existe deux grilles de lecture de la «question juive» contemporaine. D'une part, la lecture sioniste qui affirme, comme on l'a analysé plus haut, l'existence de la «race juive» qui se confond avec la judaïté. Thèse qu'adopte ces intellectuels algériens.
D'autre part, la lecture antisioniste pour qui il n'existe pas de peuple juif, car le judaïsme n'est pas une ethno-religion, mais une religion comme les deux autres monothéismes. Ainsi, la prétention des sionistes à faire peuple est inauthentique, juridiquement inacceptable et condamnable. Quoi qu'il en soit, la création d'Israël est une entreprise coloniale, construite sur cette fallacieuse notion de «peuple juif» inventé par le sionisme.


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