Des archéologues ont exprimé vendredi leur grande inquiétude de voir les éléments du groupe autoproclamé "Etat islamique" (Daech/EI) s'en prendre à d'autres sites historiques dans les régions sous leur contrôle en Irak après la destruction de trésors pré-islamiques du musée de Mossoul. "Ce n'est pas fini, et la communauté internationale doit intervenir", martèle Abdelamir Hamdani, un archéologue irakien de l'Université Stony Brook de New York. Les villes de Hatra, inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO, et de Nimroud, toutes deux au sud de Mossoul, dans le nord de l'Irak, sont particulièrement en danger, selon eux. L'EI a diffusé jeudi une vidéo dans laquelle ses combattants réduisent en miettes des trésors archéologiques dans le musée de Mossoul, deuxième ville d'Irak dont ils se sont emparés au début de leur offensive en juin 2014. "Ils ont prévenu les gardiens qu'ils allaient détruire Nimroud", affirme M. Hamdani, qui a auparavant travaillé au département des antiquités irakien. "C'est l'une des plus importantes capitales assyriennes, on y trouve des bas-reliefs et des taureaux ailés... Cela serait un véritable désastre", dit l'archéologue."Ils vont peut-être aussi attaquer et détruire Hatra". Selon l'UNESCO, "ce qui reste de la ville, particulièrement les temples où les architectures grecques et romaines se mêlent à des décorations orientales, atteste de la grandeur de la civilisation". "Je crains qu'ils ne prévoient plus de destructions", déclare Ihsan Fethi, un spécialiste de l'architecture et du patrimoine irakiens, basé en Jordanie. Outre la destruction des trésors archéologiques montrée dans la vidéo jeudi, des membres de l'EI ont aussi fait exploser une mosquée du XIIe siècle à Mossoul car, selon M. Fethi, "elle contenait une tombe" d'une personne révérée. La directrice générale de l'UNESCO Irina Bokova a demandé jeudi une réunion de crise du Conseil de sécurité de l'ONU sur ces destructions, qualifiées d'"intolérables".