Amoureux du 7ème art et porteurs de projets ambitieux, de jeunes cinéastes algériens, soucieux de voir leurs créations pénétrer les marchés internationaux du cinéma et les réseaux de distribution, déplorent le manque de visibilité de leurs produits. "Un film est fait pour être vu, d'où la nécessité d'une bonne distribution", note Sabrina Draoui, réalisatrice, de plusieurs travaux télévisuels et du court métrage "Goulili" (2008), primé dans différentes rencontres cinématographiques nationales et internationales. L'insuffisance des subventions allouées par les pouvoirs publics aux projets retenus dans le cadre de l'aide à la création a été également évoquée par les différents cinéastes et producteurs rencontrés par l'APS. "Le financement actuel des longs métrages doit être revu à la hausse pour permettre un travail de qualité, aux normes techniques internationales", estime Sami Tigharghar, producteur et comédien qui a autofinancé en 2013 le documentaire "Qalâa Ait-Abbas". La postproduction, ou l'ensemble des techniques de finalisation d'un produit filmique demeure parmi les "préoccupations majeures des cinéastes algériens" estime Karim Moussaoui, réalisateur du court métrage "Les jours d'avant" (2014), primé à différents évènements cinématographiques. "La mise aux normes internationales sur le plan technique joue un rôle prépondérant dans la réussite d'un film, cela devrait donc constituer une des modalités principales dans les contrats de coproduction", suggère le cinéaste Kamel Iaïche. Le réalisateur (Kamel Iaïche) du court métrage "Papillon"(2015), présent dans le pavillon algérien à Cannes, a, par ailleurs, déploré le manque de visibilité des productions algériennes à l'instar de son long métrage "Mista", pourtant réalisé en 2015 mais absent des regards du plus grand rendez-vous du cinéma au monde. La nécessité de faire confiance au génie créatif des jeunes cinéastes algériens, qui "sauront représenter dignement leur pays", a été rappelée par Mounes Khammar, réalisateur et producteur exécutif de "Eyyam", dernier clip de Warda El Djazaïria et de nombre de films et documentaires primés dans différentes rencontres nationales et internationales. "Les jeunes, cinéastes, producteurs et distributeurs algériens sont capables de porter de grands projets et promouvoir l'image de leur pays dans les grandes rencontres internationales, il faut leur faire confiance", a martelé Mounes Khammar, citant l'exemple même du Festival de Cannes dont les réseaux de distribution son dirigés par des jeunes. La grande expérience de l'Algérie dans le domaine du septième art a longtemps été évoquée par les jeunes cinéastes présents au festival, regrettant " l'essoufflement de ce bel élan qui aurait pu permettre aux jeunes professionnels du cinéma de porter de grands projets". Cet élan a été rappelé le 18 mai dernier au 68e Festival de Cannes, dans sa section "Cannes Classiques", lors de la montée des marches, moment très attendu de tous les cinéastes, où le tapis rouge fut déroulé à l'Algérie, présente à travers l'hommage rendu à Costa Gavras pour son film "Z". Costa Gavras avait réitéré ses "remerciements et sa gratitude à l'Algérie" sans qui, son film "n'aurait jamais vu le jour", ajoutant que "+Z+ est un film qui a longtemps été interdit et auquel tout le monde avait tourné le dos". Autre moment évoqué de ce potentiel considérable cumulé par le cinéma algérien, la Palme d'Or obtenue en 1975 au 28e Festival de Cannes par le grand cinéaste Mohammed Lakhdar Hamina pour son film "Chroniques des années de braises" et dont le 40e anniversaire a été célébré au pavillon Algérie le 17 mai dernier.