Les forces fidèles au président yéménite en exil, Abd Rabbo Mansour Hadi, poursuivaient mardi leurs avancées contre les Houthis, avec la reprise de nouveaux pans de territoires jusque là aux mains des rebelles. Des membres des Comités de la résistance populaire, forces composées de combattants progouvernementaux, de tribus et de séparatistes sudistes, ont pris avant l'aube le contrôle de la ville d'Outmah, située dans la province de Dhammar (centre). Six villes de la province d'Ibb, située plus au sud, sont également tombées aux mains des Comités de la résistance populaire, selon les sources militaires yéménites. D'autres succès ont également été enregistrés lundi en faveur des forces loyalistes au Yémen. Appuyées par les frappes de la coalition arabe, ils ont réussi à chasser les insurgés de Loder, la dernière ville qu'ils contrôlaient encore dans la province d'Abyane. Des responsables yéménites, qui ont confirmé la reprise de Loder, ont déploré la perte d'au moins 16 miliciens progouvernementaux ces dernières 24 heures, la plupart dans l'explosion de mines posées par les Houthis dans leur fuite. Ils ont également signalé la blessure du vice-président du Parlement en exil, Hussein ben Arab, et de Mohammed al-Shaddadi, un ex-ministre de l'Intérieur, qui dirigeaient l'offensive loyaliste lors des combats. Avec ces nouvelles avancées, les provinces d'Aden, de Lahj, Daleh et Abyane, toutes situées dans le Sud, sont désormais contrôlées par les forces fidèles au président Abd Rabbo Mansour Hadi. Après avoir repris ces provinces, les forces progouvernementales cherchent désormais à contrôler celle de Chabwa, l'un des derniers bastions du camp rebelle dans le sud du Yémen. Des affrontements font aussi rage à Taëz, la troisième ville du pays située aussi dans le Sud, selon des milices progouvernementales. Les forces progouvernementales, soutenues par la coalition militaire arabe menée par Ryadh, affrontent depuis plus de quatre mois les Houthis qui se sont emparés de vastes régions du pays depuis juillet 2014. Leur progression dans le sud fin mars avait contraint le président Abd Rabbo Mansour Hadi et son gouvernement à s'exiler en Arabie saoudite voisine et entraîné une intervention d'une coalition arabe pour venir en aide aux autorités yéménites face aux rebelles. -- Aggravation de la situation humanitaire -- Le rapporteur des Nations Unies sur le droit à la nourriture, Hilal Elver, a lancé mardi un cri d'alarme sur l'aggravation rapide du niveau de malnutrition au Yémen en raison du conflit, en particulier sur "le cas de 850.000 enfants souffrant de malnutrition sévère", et qui atteindra "1,2 million dans les prochaines semaines si le conflit persiste au niveau actuel". Le président de la Croix Rouge internationale (CICR), Peter Maurer, a mis en garde, au retour d'une visite de trois jours dans le pays, de la situation qui y "empirait de jour en jour". Soulignant, dans un communiqué, l'"urgence de faciliter l'acheminement de la nourriture, des médicaments et de l'eau à la population", M. Maurer a relevé: "Le monde a besoin de réaliser ce qu'il se passe (...) Cela ne peut durer. Le Yémen s'effondre". La Commission européenne, qui a averti de l'"ampleur catastrophique" de la crise humanitaire dans le pays, a récemment débloqué 12 millions d'euros supplémentaires d'aide humanitaire en faveur de la population affectée par la crise dans le pays. "10 millions d'euros serviront à fournir une aide nutritionnelle et alimentaire ainsi que des services de santé aux populations vulnérables, alors que les deux millions d'euros restants contribueront à répondre aux besoins prioritaires des réfugiés yéménites nouvellement arrivés à Djibouti et en Somalie", a expliqué la Commission. Le commissaire européen chargé de l'aide humanitaire et de la gestion des crises, Christos Stylianides, a affirmé qu'il était "crucial d'établir des trêves humanitaires pour permettre aux travailleurs et aux organisations humanitaires de fournir l'aide dont la population a tant besoin". Ces trêves doivent être concédées sans conditions par toutes les parties au conflit, a-t-il dit, tout en réitérant la nécessité pour l'ensemble des acteurs au Yémen de protéger les civils conformément au droit humanitaire international. La Commission européenne a débloqué cette année 25 millions d'euros pour venir en aide aux populations victimes du conflit au Yémen. Le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l'Homme (HCDH), a, pour sa part, réitéré son appel aux belligérants du conflit de faire systématiquement la distinction entre les cibles civiles et militaires, en raison de l'augmentation rapide du nombre de victimes civiles depuis mars dernier. Depuis le début du conflit au Yémen il y a plus de quatre mois, près de 4.000 personnes ont été tuées, dont la moitié sont des civils, selon l'ONU.