Depuis le début des raids aériens au Yémen, le 26 mars dernier, 2584 personnes ont été tuées et plus d'un demi-million déplacées à l'intérieur du pays Les belligérants du conflit doivent se retrouver aujourd'hui à Genève, sous l'égide de l'ONU, pour tenter de désamorcer la crise qui a fait, depuis fin mars, plus de 2500 morts et un demi-million de déplacés. Les discussions de Genève, les premières du genre depuis l'intervention en mars dernier d'une coalition dirigée par l'Arabie saoudite, devraient inclure d'un côté des représentants du camp du président en exil Abd Rabbo Mansour Hadi, de l'autre celui de la rébellion chiite des Houthis, alliée au parti de l'ex-président Ali Abdallah Saleh. Le gouvernement en exil a fait savoir que sa délégation était partie samedi pour la Suisse. Cependant, une confusion règne sur la participation ou non des rebelles houthis: Au début, la délégation des Houthis avait refusé samedi d'embarquer à bord d'un avion de l'ONU qui devait faire un arrêt en Arabie saoudite, avant de se rendre à Genève. Ensuite, un représentant des Houthis cité par l'agence de presse Associated Press (AP) a indiqué hier que le mouvement houthi «conteste l'idée selon laquelle les discussions incluront d'un côté des représentants du camp du président Hadi, de l'autre celui des Houthis». D'après des sources onusiennes, un deuxième avion de l'ONU se dirigera aujourd'hui vers Sanaa pour transporter la délégation des rebelles houthis, appelés aussi Ansarullah. Ces mêmes sources ont confirmé que les Houthis avaient demandé à l'émissaire onusien pour le Yémen, Smail Ould Cheikh Ahmed, de publier un communiqué dans lequel il sera précisé que les discussions de Genève «incluront les forces politiques du Yémen» et non les représentants du pouvoir et ceux des rebelles, comme annoncé précédemment. Les discussions de Genève, prévues pour durer deux à trois jours, visent à mettre en place un cessez-le-feu, un plan de retrait des rebelles des zones conquises et un accroissement de l'aide humanitaire, selon des diplomates à New York. En revanche, le gouvernement yéménite, exilé en Arabie saoudite, a minimisé la portée de Genève, parlant de simples «consultations» pour mettre en oeuvre la résolution 2216 du Conseil de sécurité de l'ONU. Adoptée le 14 avril, cette résolution soutient «la légitimité du président du Yémen», impose des sanctions aux rebelles, dont un embargo sur les armes, et les somme de se retirer des nombreux territoires qu'ils ont conquis depuis 2014, dont la capitale Sanaa. Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon participera à l'ouverture des pourparlers qui se tiendront ensuite à huis-clos, selon un porte-parole de l'organisation. M. Ban a lancé un «appel urgent» à toutes les parties à engager des consultations «de bonne foi et sans conditions préalables dans l'intérêt du peuple yéménite». La rencontre de Genève intervient alors que les combats s'enlisent. Les rebelles ont bombardé à plusieurs reprises des zones frontalières en Arabie saoudite où une roquette tirée du Yémen a tué vendredi un civil dans une mosquée près de la frontière, selon la coalition. Le lendemain, les avions de la coalition ont de leur côté, mené de nouvelles frappes sur les positions des rebelles Houthis. Les raids visaient des positions rebelles dans les provinces de Dhamar (centre) et Saada (nord), ainsi que des bases de la défense aérienne fidèles à l'ancien président Ali Abdallah Saleh, selon des témoins. Dans la nuit de vendredi à samedi, une intense vague de frappes aériennes a visé des dépôts d'armes autour de la capitale et les maisons de proches de M.Saleh, dont celle de son frère, au sud de Sanaa, de même source. Riyadh a pris la tête d'une coalition qui mène depuis le 26 mars une campagne aérienne contre les rebelles yéménites, dont la progression a poussé le président, Abd Rabbo Mansour Hadi, à l'exil en Arabie saoudite. Les Nations unies, ont qualifié la situation humanitaire de «catastrophique», donnant un bilan de 2.584 morts, 11.065 blessés et de plus d'un demi-million de déplacés, depuis fin mars. Sous la pression de Washington, l'Arabie saoudite a accepté une trêve humanitaire de cinq jours en mai pour permettre l'acheminement de secours à une population civile exsangue, mais les efforts pour un cessez-le-feu permanent ont jusqu'ici échoué.