Le Pakistan a officiellement lancé jeudi un vaccin injectable contre la polio, une étape cruciale pour donner un coup d'accélérateur à la campagne d'éradication de cette maladie que les autorités veulent voir disparaître d'ici 2016. Plus de quatre millions d'enfants doivent bénéficier du vaccin poliomyélitique inactivé (VPI), qui sera introduit dans le programme de vaccination à destination des jeunes, parmi d'autres piqûres. "Nous avons bon espoir de mettre un terme au virus d'ici 2016", a déclaré la ministre de la Santé du Pakistan, Saira Afzal Tarar. Le Pakistan est l'un des trois derniers pays au monde où cette maladie hautement contagieuse et paralysante demeure endémique, mais a effectué des progrès importants avec seulement 29 cas rapportés depuis janvier, contre 115 pour la même période de l'année dernière. Le pays avait enregistré au total 306 cas en 2014, son pire chiffre depuis 14 ans. Des rumeurs tenaces affirmant que le vaccin oral contre la polio (OPV), traditionnellement administré jusqu'ici, contenait des substances nocives et visait en fait à stériliser les musulmans ont longtemps mis à mal les efforts pour éradiquer le virus au Pakistan. Le VPI est plus cher que l'OPV et requiert une infirmière ou un médecin pour l'administrer, mais il assure une immunité avec une seule dose. L'OPV doit être administrée à plusieurs reprises. Les tentatives d'éradication de la polio ont également souffert de l'opposition de factions talibanes qui estiment que les campagnes de vaccination dissimulent en réalité un espionnage de leurs activités. Leurs attaques contre les équipes de vaccinateurs ont coûté la vie à 78 personnes depuis décembre 2012. Mais une offensive militaire, lancée en juin contre les talibans dans le Waziristan du Nord, a permis de vacciner des millions de personnes fuyant cette zone tribale frontalière de l'Afghanistan. "Des miracles sont en train de se réaliser après cette opération (militaire). Des enfants auxquels nous n'avions pas accès viennent désormais à nous", s'est félicité Lamia Mahmoud, médecin pour l'Organisation mondiale de la Santé.