La société civile a voulu, dimanche, marquer l'événement mondial sur le climat que Paris organise du 30 novembre au 11 décembre dans un contexte d'état d'urgence, suite aux derniers attentats terroristes qui ont ébranlé la France en causant la mort à 130 personnes et des blessures à plus de 300 autres personnes, dont 17 sont toujours en soins intensifs. En bravant l'interdiction des marches et manifestations, des milliers de personnes (4.500 selon la police, 10.000 selon les organisateurs) se sont rassemblées à Paris formant une chaîne humaine pour "dénoncer l'état d'urgence climatique". "Ils ne sont grands que si nous sommes à genoux", "Ils exploitent, ils polluent, ils profitent. L'urgence est sociale et climatique", lit-on sur des pancartes brandies par les manifestants que la police empêche de marcher. Un important dispositif sécuritaire a été déployé par la préfecture de police de Paris pour faire respecter la décision des pouvoirs publics d'interdire toute manifestation et marche, notamment à Paris, depuis l'entrée en vigueur de l'état d'urgence. Dans le 11ème arrondissement de Paris, au boulevard Voltaire, les participants à cette manifestation se prenaient par les mains, pour former cette chaîne humaine à la veille de l'ouverture officielle lundi de la conférence de l'ONU sur le climat. Sur place, l'ambiance était festive avec des familles et de simples citoyens. Plusieurs manifestants ont exigé de mettre de la pression sur les dirigeants, estimant que cette chaîne humaine est un "contre-pouvoir citoyen" à la conférence qui "sera contre-productive car elle est faite avec des industriels dont les intérêts sont contraires à l'écologie". "C'est extrêmement satisfaisant vu le contexte actuel. Il y avait beaucoup de gravité, de dignité sur les trottoirs. Un puissant courant passait entre les mains. C'est un plaisir d'avoir pu soulever le couvercle qui pèse sur la société française depuis les attentats", a affirmé lors d'une conférence de presse Geneviève Azam, porte-parole du mouvement organisateur de cette manifestation. La chaîne humaine s'est dispersée dans le calme, sans aucun incident, alors qu'on signale des échauffourées dans le rassemblement à la place de la République. Il faut signaler que les autorités ont assigné à résidence 24 militants écologistes pour les empêcher d'aller manifester dans la capitale. Plusieurs convois d'activistes ont été interdits d'accès à une zone près de Paris abritant des sites sensibles comme le Commissariat à l'énergie atomique, des mesures qui ont été dénoncées par des ONG. Par ailleurs, le site du Bourget, près de Paris, lieu de la conférence mondiale sur le climat, a été placé samedi sous le contrôle de l'ONU. Le MAE français, Laurent Fabius, a symboliquement remis à l'ONU la clef du site du Bourget, où plusieurs dizaines de milliers de personnes sont attendues à partir de dimanche, dont plus de 140 chefs d'Etat et de gouvernement. "Les conditions sont réunies pour un succès, mais il n'est pas encore acquis", a déclaré Laurent Fabius, qui s'est félicité que 183 pays, représentant 95% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, aient fait des promesses chiffrées de réduction de leurs émissions.