Aux frontières françaises, les contrôles ont été rétablis et 8.000 membres des forces de l'ordre ont été déployés : 2.800 seront mobilisés au Bourget et 6.300 autres dans Paris pour la venue des 150 chefs d'Etat et des 40.000 à 45.000 participants dont 10.000 délégués de 195 pays, 14.000 représentants de la société civile et des experts, 3.000 journalistes... Signes des temps : la dérogation à la convention des droits officiellement demandée au Conseil de l'Europe à Strasbourg. Toutes les manifestations ont été interdites pour être remplacées par une longue chaîne humaine prévue aujourd'hui. Mais, le défi du XXIe siècle transcende le péril terroriste qui a généré la formidable poussée des « pèlerins climatiques » venus d'Europe, d'Afrique et d'Asie et rassemblés symboliquement dans une église parisienne. La mobilisation des religions a sonné le tocsin de la formidable mobilisation mondiale pour un « monde propre et juste » dont le coup d'envoi a été donné à Melbourne (Australie), l'un des plus gros émetteurs de la planète par habitant, pour essaimer, dès ce week-end, les capitales européennes, africaines et asiatiques. De Manille (Philippines), la capitale du pays le plus menacé, le droit à la vie structure la quête d'un monde plus sûr. « Nous voulons adresser un message au reste du monde, en particulier aux dirigeants de la planète qui participent à la conférence sur le climat. Notre survie n'est pas négociable », a déclaré fort à propos Denise Fontanilla, porte-parole du Mouvement des peuples asiatiques sur la dette et le développement. La « maison commune » revendique une meilleure protection pour se prémunir des effets désastreux du changement climatique qui pourraient entraîner, selon les données chiffrées de l'OMS, entre 2030 et 2050, près de 250.000 décès supplémentaires par an. Les attentes de Paris sont nombreuses. En urgence absolue, la menace de Daech plombe le sommet mondial. Même si le président français, François Hollande, se refuse à « transformer la conférence sur le climat en réunion internationale sur la lutte contre le terrorisme », elle reste au centre des préoccupations des chefs d'Etat.La première journée inaugurale de demain rythme, à cet effet, les discours des dirigeants les plus influents (Barack Obama, Xi Jinping, Narendra Modi) nécessairement marqués par le poids du défi terroriste. Des rencontres bilatérales sont également prévues pour traiter de la lutte contre Daech dans une convergence soulignée par Hollande. « L'homme est le plus grand ennemi de l'homme, nous le voyons pour le terrorisme mais nous pouvons aussi le dire pour le climat », a-t-il affirmé lors de la visite effectuée, vendredi dernier, au sommet du Commonwealth à Malte. La messe parisienne est dite. Elle est prononcée par le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, annonçant, dans un entretien accordé notamment aux quotidiens Le Monde, El Pais et The Guardian, un accord à la « portée des négociateurs ». Tout n'est pas encore acquis pour les négociateurs des 195 pays planchant sur les options contenues dans le pré-accord de Bonn (Allemagne) élaboré en octobre. Il n'y a pas de « plan B », assure Fabius appelant à avancer « chapitre par chapitre » pour conclure un accord « différencié, universel, juridiquement contraignant, durable, dynamique et (...) juste ». Au siège de l'Unesco (Organisation des Nations unies pour l'éducation, la science et la culture), les consultations informelles ont déjà été lancées pour tenter de réduire les lignes de fractures et favoriser un compromis sur des sujets-clés comme les financements nord-sud, la réduction des émissions de gaz à effet de serre ou un mécanisme de révision des engagements des pays. Aujourd'hui, le président de la COP 21, Laurent Fabius, s'attelle à dégager une méthode de travail avec les chefs de délégation pour parvenir, d'ici au 11 décembre, à un accord permettant de limiter à 2 degrés le réchauffement de la planète.