OUZOU)- Le révolutionnaire, Hocine Aït Ahmed, décédé mercredi 23 décembre 2015, faisait passer l'Algérie avant tout, y compris sa mère et ses propres enfants, tant il avait dédié sa vie entière pour elle, ont affirmé vendredi au village d'Aït Yahia des proches, quelques heures avant son enterrement. Rencontrée dans la demeure familiale qui a vu naître "Da l'Hocine", sa cousine paternelle, Dahbia (Na Thahviya) Aït-Ahmed reçoit, en compagnie d'autres femmes de la maisonnée, les villageoises qui continuent de présenter leurs condoléances et exprimer une profonde peine, qui n'a d'égale que la fierté d'être issues du même village qui porte le nom d'un des héros de la Révolution algérienne. "Bien qu'il était âgé, la nouvelle de sa mort nous a choqués tous. Ce que je peux vous assurer, c'est qu'il n'a ménagé aucun effort pour £uvrer au service de l'Algérie à laquelle il a dédié toute sa vie et la faisait passer avant sa mère et ses enfants", relate, émue, sa cousine. La septuagénaire a dit que "Da l'Hocine" avait à c£ur "même le devenir du Maghreb arabe", et recommandait "l'union" et "fraternité" entre tous les enfants de l'Algérie, son credo récurrent et immuable. Même si Na Thahviya est considérée comme étant l'une des plus proches de Hocine Aït-Ahmed, elle assure, non sans amertume, qu'elle n'a pas véritablement eu l'opportunité de prendre de l'âge "à sa proximité", tant ce dernier "s'était oublié" en se consacrant à sa cause qu'est la patrie et aux "convictions" qui l'ont éloignés des siens, une bonne partie de sa vie. "Depuis son jeune âge, il n'a fait que lutter et militer à commencer par le Parti du peuple algérien (PPA). Mon défunt père Si Djaâfer, qui militait également dans les rangs de celui-ci était particulièrement proche de lui, comme s'il s'était agi de son propre fil", ajoute-t-elle, soulignant qu'en prison, le révolutionnaire "convaincu lisait énormément et s'enquérait sans cesse des nouvelles de la famille, mais "surtout du pays". Une tribu de révolutionnaires.. Quasiment toute la famille Aït Ahmed comptait des "révolutionnaires", d'une manière ou d'une autre, et tous ses membres ont suivi "Da l'Hocine", lorsqu'il a fondé le parti Front des forces socialistes (FFS). "Na Thahviya", qui garde visiblement une mémoire assez intacte pour relater certains faits de ce glorieux passé, avoue ne peut pas pouvoir "résumer'' le parcours hautement honorable de "Da l'Ho" et en oublier forcément d'autres. Relatant l'exil "forcé" de son cousin, elle rappelle que la décision de quitter la mère-patrie n'a pas été de "gaieté de cœur", pour celui qui s'est engagé dés son adolescence pour la cause nationale et qui, une fois celle-ci acquise, il avait "rêvé de faire tant de choses" pour hisser le pays à un niveau élevé de démocratie et de progrès. Elle a, par ailleurs, interpellé les jeunes générations pour qu'elles prennent en considération les enseignements de "Da l'Hocine" et à méditer le sens et la portée de son dévouement à la patrie et aux idéaux auxquels il croyait tant. "Il ne cessait de nous dire l'importance du savoir, de l'instruction et de l'éducation. De nous inculquer que le matériel n'est pas éternel et que ne subsistent que ces seuls critères, tels des fondements d'une construction", conclut-elle. Le frère de "Na Thahviya", El-Khidher qui a quasiment troqué la fonction de "porte-parole" de la tribu des Ath-Ahmed, depuis la disparition de son illustre personnage, parle de ce dernier comme un son aïeul, le non moins notoire Cheikh Mohand Oulhocine, à savoir la poésie (Issefra). Après avoir déclamé des vers écrits par ses soins alors qu'il avait à peine une dizaine d'années lorsqu'il apprit l'emprisonnement de son cousin après l'indépendance, El-Khider fera observer le 1⁄2 parallèle » qui unit les vécus de son oncle et du Cheikh mystique, contraints tous deux par la 1⁄2 force des événements" à quitter à un moment de leur vie la terre ancestrale. "Tout comme Cheikh Mohand Oulhocine, Da l'Hocine s'est également distingué par la sobriété de la parole, en se contentant de lancer des citations et autres adages populaires de son aîné, pour adresser des messages empreints de sagesse et de clairvoyance à ses interlocuteurs", relate son jeune cousin. Bien que n'étant pas de la génération de celui qui incarne le combat pour les idéaux de liberté et de démocratie, avec une cinquantaine bien entamée, Khidher est autant affecté que sa s£ur aînée de "n'avoir pas vu assez souvent +Da l'Hocine+". "Je ne me rappelle que de bribes de sa présence parmi nous tant celle-ci se faisait rare. Il était pris dans le tourbillon de ses engagements et absorbé par son activisme", se souvient-il. Il se souvient d'un événement ayant particulièrement marqué son enfance: celui de la venue chez eux, à Ath Ahmed, de l'épouse de Mohamed Boudiaf pour parler à son "frère" d'armes, Hocine, de l'emprisonnement de son époux, au lendemain de l'indépendance.